Le Parlement libanais a de nouveau tourné court mardi matin. Convoquée par le président du Parlement, Nabih Berry, la séance plénière prévue à 11 heures a été ajournée faute de quorum, confirmant l’impasse politique autour de la réforme de la loi électorale et plus largement l’incapacité chronique du Parlement à légiférer dans un contexte de fragmentation politique extrême.
Cette séance devait initialement permettre de poursuivre l’examen des projets et propositions de loi restés en suspens depuis la session du 29 septembre 2025, déjà interrompue dans des circonstances similaires. Plusieurs blocs parlementaires, notamment les Forces libanaises, le parti Kataëb, ainsi que des députés indépendants, ont boycotté la réunion. Le nombre requis de députés pour ouvrir les débats n’a donc pas été atteint.
Des positions diverses
Plusieurs députés ont justifié leurs choix de participer ou non à la séance, tout en soulignant leur engagement envers le processus législatif. Ainsi, Georges Adwan, député des Forces libanaises (FL) a-t-il précisé: «Notre absence à la séance plénière se traduit par une volonté de corriger la situation au Parlement. Il ne s’agit pas d’un boycott. Il est regrettable de voir que certains députés continuent de s’attacher aux anciennes pratiques, d’autant plus que ce sont les électeurs qui trancheront».
De son côté, le député Marwan Hamadé, du Rassemblement démocratique, a insisté sur la nécessité de ne pas perturber le fonctionnement du Parlement: «Nous ne cherchons pas à perturber le bon fonctionnement du Parlement et nous sommes absolument favorables à l’élection des Libanais expatriés depuis leur lieu de résidence. Nous ne reculerons pas devant cette position qui est une position ferme.»
Quant au vice-président du Parlement, Elias Bou Saab, celui-ci a salué l’ajournement de la séance: «Je suis heureux que la séance n’ait pas eu lieu, parce que légiférer en l’absence d’une grande partie des Libanais n’est pas la meilleure solution pour le pays.»
Pour sa part, le député du Rassemblement démocratique, Hadi Abou el-Hosn, a estimé qu’un boycott ne ferait qu’«exprimer une intention sans effet concret» et a plaidé pour «l’inscription du droit de vote des expatriés à l’ordre du jour».
Le vote des expatriés au cœur des tensions
Le blocage reflète le désaccord sur la réforme de la loi électorale. Le mouvement Amal, dirigé par le chef du législatif, Nabih Berry, ainsi que le Hezbollah souhaitent maintenir la loi de 2017, qui réserve six sièges aux Libanais de l’étranger. À l’inverse, les Forces libanaises et le parti Kataëb notamment réclament un amendement permettant aux expatriés de voter pour l’ensemble des 128 députés, selon leur circonscription d’origine.
Cette impasse illustre la difficulté chronique du Parlement à légiférer dans un climat politique fragmenté, où le boycott reste une arme fréquemment utilisée pour faire pression sur les décisions électorales ou institutionnelles.
Le report de la séance, annoncé sans nouvelle date, laisse présager une prolongation de la crise parlementaire, alors que le pays peine à engager des réformes essentielles avant les prochaines échéances électorales.



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