
Ce lundi, Israël célèbre et s’interroge tout à la fois. La joie du retour des otages se mêle à une amertume profonde: pour sauver ses citoyens encore détenus à Gaza, l’État hébreu libère près de 2.000 prisonniers palestiniens, dont plusieurs qui ont du sang sur les mains.
L’accord, négocié sous l’égide du président américain, Donald Trump, avec la médiation du Qatar et de l’Égypte, marque la première phase du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Mais derrière les sourires officiels se cache un dilemme moral que les Israéliens connaissent trop bien: sauver des vies innocentes au prix de la libération de terroristes condamnés à perpétuité.
Des meurtriers parmi les libérés
Selon le Long War Journal, plusieurs des détenus concernés ont été condamnés pour des crimes d’une brutalité extrême.
Imad Qawasmeh, membre du Hamas, dirigeait en 2004 les deux kamikazes du double attentat de Beersheba qui a fait seize morts. Il purgeait seize peines de réclusion à perpétuité. Son nom figure aujourd’hui sur la liste des libérés, avec une destination tenue secrète.
Autre figure emblématique: Mahmoud Issa, ancien commandant de la brigade Al-Qassam, avait fondé la première unité spéciale du Hamas, chargée d’enlever des soldats israéliens pour les échanger contre des prisonniers palestiniens. En 1992, il fit kidnapper le sergent Nissim Toledano, exécuté après l’échec des négociations. Mahmoud Issa, condamné à trois peines de prison à vie, sera, lui aussi, relâché.
Le cas de Baher Badr illustre la même logique absurde. Membre du Hamas, il a été jugé coupable de deux attentats, dont celui de Tzrifin, en 2003, qui tua neuf soldats israéliens. Israël l’avait condamné à onze perpétuités.
Le Fatah et le Jihad islamique dans la balance
Les noms issus du Fatah et du Jihad islamique palestinien ne manquent pas non plus:
Ismail Hamdan, affilié au Fatah, avait enlevé et assassiné un Israélien, Avi Boaz Braverman, près de Bethléem, en 2002.
Bilal Ajarmeh, arrêté en 2003, avait participé à dix-sept fusillades contre des civils israéliens et à l’exécution de deux Palestiniens soupçonnés de collaboration.
Riyad al-Ammour, cadre du Tanzim dirigé par Marwan Barghouti, avait orchestré une série d’attentats à Bethléem durant la seconde Intifada, qui ont fait neuf morts. Condamné à onze peines de réclusion à perpétuité, il figure sur la liste des libérés.
Du côté du Jihad islamique, Amine Shuqeirat purgeait deux peines de prison à vie pour le meurtre de deux gardes israéliens à Jérusalem.
Mohammad Abu Tbeikh, responsable des opérations du mouvement à Jénine, avait participé à la bataille de 2002 et supervisé la fabrication d’explosifs.
Enfin, Iyad Abu al-Roub, chef militaire du Jihad islamique à Jénine, avait été condamné pour plusieurs attentats suicides, dont celui du marché de Hadera, en 2005. Tous les trois seront expulsés d’Israël après leur libération.
Une histoire qui se répète?
D’autres profils confirment la gravité du choix d’Israël: Maher Abou Srour, membre du Hamas, qui avait assassiné l’agent du Shin Bet Haïm Nahmani en 1993; Mohammed Amran, impliqué dans l’attentat d’Hébron qui a fait douze morts; ou encore Ahmed Saada, auteur de l’attentat de la ligne de bus 20 à Jérusalem en 2002, qui coûta la vie à onze civils.
Parmi les noms les plus récents figurent Ali Hamed, auteur d’une attaque à la voiture-bélier à Tel-Aviv, en 2022, et Houssam Matar, condamné pour le meurtre d’un Palestinien accusé de collaboration et pour la planification de l’assassinat d’un ministre israélien.
Ces hommes, que les organisations palestiniennes présentent comme des «résistants», sont pour Israël des terroristes condamnés pour meurtre, appartenance à une organisation armée ou planification d’attentats contre des civils. Leur libération réactive les traumatismes d’un pays qui a payé un lourd tribut au terrorisme depuis deux décennies.
En 2011, l’échange pour la libération du soldat Gilad Shalit avait déjà ramené sur le terrain plusieurs terroristes libérés, dont l’ancien chef du Hamas, Yahya Sinouar, tué en octobre 2024. Quatorze ans plus tard, l’histoire se répète presque à l’identique.
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