Semaan Douaihy entre au «board» du futsal mondial
Semaan Douaihy entre au «board» du futsal mondial. Ici, lors de la dernière Coupe du monde de football au Qatar. ©Semaan Douaihy

Quelques heures après l’annonce de la Fifa, le Liban place l’un des siens au cœur des décisions qui dessinent l’avenir du futsal. Entre héritage local et projection internationale, la nomination de Semaan Douaihy au comité du futsal (2025-2029) sonne comme une validation au plus haut niveau – et une promesse de montée en gamme.

Coup de sifflet planétaire pour un bâtisseur du cru. La Fifa a officialisé la nomination de Semaan Douaihy au sein de son Comité du futsal pour le mandat 2025-2029. Un strapontin? Non. Plutôt une loge technique d’où se décident orientations, formats, règlements, développement et feuille de route d’une discipline en pleine accélération. Pour le Liban, c’est un drapeau planté au centre du terrain.

Un bâtisseur aux manettes

On ne présente plus l’homme dans les couloirs de la Fédération libanaise de football (LFA). Patron du Comité futsal de 2005 à 2021, Douaihy a mis le jeu sur orbite en lançant la première Ligue officielle du pays. Avant lui, la pratique vibrait dans les salles et les tournois de quartier; avec lui, elle a trouvé un calendrier, des clubs structurés, un arbitrage formé, des jeunes aiguillés. Aujourd’hui membre du Comité exécutif de la LFA et président de la Commission des compétitions, il continue de serrer les boulons: formats rationalisés, standards professionnels, passerelles entre formation et élite.

«Rejoindre le Comité du futsal de la Fifa, c’est porter la voix du Liban là où se dessinent les règles du jeu. J’y vais avec l’humilité de ceux qui savent d’où ils viennent et l’ambition de ceux qui savent où ils veulent aller», confie Semaan Douaihy à Ici Beyrouth.

Au-delà de Beyrouth, Douaihy parle «région» couramment. Administrateur à la West Asian Football Federation (WAFF) et vice-président de sa Commission des compétitions, il siège aussi à la Commission des compétitions de l’AFC. Traduction: compréhension fine des réalités du terrain moyen-oriental, accès direct aux chantiers continentaux, capacité à transformer les expériences asiatiques en leviers locaux. La nomination Fifa vient coudre l’échelon mondial sur un parcours déjà multi-niveaux.

Des standards mondiaux pour un projet local

On l’oublie parfois, mais le futsal est un accélérateur de football: maîtrise sous pression, lecture rapide, first touch chirurgical, transitions-éclairs. À l’échelle mondiale, la discipline a changé de braquet: professionnalisation des ligues, essor des académies, montée en puissance de l’analyse vidéo, exigences accrues en matière d’arbitrage et de sécurité. Les grandes nations ne s’y trompent pas: investir dans le futsal, c’est améliorer le produit «football» tout entier, du U13 au pro.

Concrètement, cette nomination ouvre des passerelles et des standards. L’alignement avec les référentiels Fifa peut accélérer les licences, les cycles de formation et la montée en gamme des infrastructures. Un plaidoyer mieux entendu pour des calendriers stables donnera de l’air aux clubs et aux sélections. Entraîneurs, arbitres et dirigeants auront un relais direct vers des modules certifiants et des bonnes pratiques – y compris sur la data, la préparation spécifique et la sécurité. La féminisation et la massification en milieu scolaire et universitaire trouveront un cadre plus solide. Atout maison, enfin: une connaissance intime des contraintes locales – économiques, énergétiques, logistiques – pour proposer des solutions réalistes plutôt que des vœux pieux.

«Notre objectif est simple: structurer mieux pour jouer plus vite, former plus pour perdre moins, et faire du futsal un ascenseur pour tout le football libanais. Chaque décision que je défendrai aura une boussole: ramener au pays des standards concrets, des programmes de formation utiles et des calendriers lisibles. On ne vendra pas du rêve: on construira du durable», poursuit-il.

À court terme, l’enjeu est double: consolider la base (centres d’entraînement, compétitions U17/U19 lisibles, passerelles vers le senior) et rehausser l’élite (préparation physique spécifique, scouting, micro-cycles adaptés au futsal). À moyen terme, viser une présence régulière sur la scène continentale, avec des clubs compétitifs et une sélection nationale au plan de jeu affirmé: pressing coordonné, sorties de balle propres, efficacité sur phases arrêtées. Parce que le futsal, c’est aussi l’art des détails – et des matchs qui se jouent sur dix mètres et une seconde.

La place de Semaan Douaihy à la Fifa n’est pas une ligne de CV de plus; c’est un sésame pour accélérer un projet. Si le Liban sait transformer cette fenêtre en cap – gouvernance stable, financement ciblé, formation continue – la courbe peut s’infléchir vite. Dans un pays où la salle a souvent sauvé des générations de talents, le futsal reste l’école de la résilience, et le terrain où l’on apprend à gagner serré.

Le coup d’envoi est donné.

 

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