
La démarche du président Trump est une éclaircie au milieu des ténèbres. Deux ans après le déclenchement du funeste 7 octobre 2023, on a, pour la première fois, affaire à des tractations diplomatiques qui peuvent mettre fin à un conflit où l’absurdité et le nihilisme débordent le cadre de l’échange diplomatique. La gravité de l’enjeu tient au fait que la folie meurtrière inaugurale des massacres du 7 octobre est loin d’être accidentelle. Elle relève d’une politique délibérément conçue et orchestrée par le pouvoir iranien qui a mobilisé ses leviers stratégiques dans le cadre des «plateformes opérationnelles intégrées» patiemment montées tout au long des deux dernières décennies.
Les dernières déclarations d’Esmail Qaani ont explicitement révélé la trame commune à cette dynamique guerrière aux agencements multiples. Nous sommes devant un scénario minutieusement élaboré en vue de casser les défenses israéliennes sur les multiples fronts où elles ont été mobilisées. Le canevas n’est compréhensible que dans la mesure où l’on arrive à restituer la trame commune et à convoquer les acteurs multiples qui opèrent en interdépendance.
La contre-offensive israélienne s’est avérée adéquate dans la mesure où elle a, de prime abord, saisi la portée de l’opération. L’ampleur de la riposte était à la mesure des défis stratégiques et existentiels qui ont bouleversé toute la donne géostratégique sur le plan régional. La démesure et le caractère résolument génocidaire de la stratégie iranienne rendent compte de l’étendue de la riposte israélienne et de l'importance des préparatifs qui se sont étalés tout au long des deux décennies.
La destruction des plateformes opérationnelles était inévitable et impérative. Israël ne pouvait ni différer les échéances ni se contenter de ripostes ponctuelles alors que les menaces convergeaient de tous bords. Il fallait enrayer la dynamique iranienne sans états d’âme parce qu’il s’agissait d’un impératif de survie et visait à éviter l’ascension aux extrêmes que laissaient profiler la menace nucléaire et ses adjuvants chimiques et bactériologiques.
Quelle que soit l’envergure de la tâche, il fallait mettre un terme aux aléas représentés par les délitements structurels de l’ordre interétatique arabe et ses instrumentalisations. Les nœuds gordiens qu’il fallait trancher étaient le contrôle du Liban par le Hezbollah, le régime vassal de la Syrie alaouite, la volatilité de la géopolitique irakienne, et la variable flottante des Houthis, la folie meurtrière du Hamas et le jeu pervers des otages.
La destruction des plateformes iraniennes n’est que le prélude à l’affrontement direct avec l’Iran moyennant la neutralisation du nucléaire iranien, et l’accélération de la chute du régime islamique. Il est inconcevable d’aborder les dynamiques conflictuelles en cours en l’absence d’une approche intégrée qui permet d’en saisir la texture commune. Toute démarche diplomatique qui fait l'impasse sur les synergies en cours finira par faire long feu.
Le régime iranien, à la suite des coups de boutoir successifs, tente de se renflouer en instrumentalisant les médiations diplomatiques à des fins de diversion alors qu’il tente de se repositionner sur le nouvel axe géostratégique hypothétiquement monté par le nouvel axe néototalitaire (russo-chinois) et les États-voyous qui s’en recommandent. Les cartes de Gaza et du Liban sont les ultimes leviers d’une politique revancharde entièrement dépourvue de vision stratégique, et qui opère plus que jamais aux dépens des populations civiles palestiniennes et libanaises. La contre-offensive américaine, en fournissant l’aide à un Israël se battant sur sept fronts, finira par contenir les réalignements en gestation et par discréditer les entreprises fallacieuses de médiation qui ont largement servi la politique meurtrière du Hamas.
La démarche du président Trump offre l’ultime chance aux Palestiniens de s'affranchir des politiques de puissance arabe et islamique, de mettre un terme à la boucherie du Hamas à Gaza, et de relancer les négociations entre Israéliens et Palestiniens sur de nouvelles bases où la nouvelle donne géostratégique, l’encadrement américain et les consensus stratégiques des accords abrahamiques devraient servir de régulateur aux négociations séquencées. Autrement, toute récalcitrance, ou toute tentative de déjouer les scénarios de fin de guerre ne feront que pénaliser une population exsangue et promouvoir la politique de victimisation d’une secte meurtrière manipulée par des chefs mafieux, sans scrupules, ainsi que leurs commanditaires.
Le scénario se reproduit à l’identique au Liban où le Hezbollah tente de réinvestir le jeu politique et institutionnel et de réinstaller les blocages à divers niveaux. Tout en sachant que la politique de réarmement qu’il relance est principalement à usage interne. Le tapage médiatique le dessert dans la mesure où ses échecs cumulés, la vacuité de sa doxa, et l’inanité de ses jongleries militaires ne convainquent plus grand monde. L’opposition ferme d’une grande partie des Libanais au chantage d’un mouvement réduit à sa véritable nature terroriste et d’acteur du crime organisé laisse peu de choix à la tergiversation et aux euphémismes politiques.
La paix ne se fera qu’au détriment de cette secte politique meurtrière et c’est à la communauté chiite de choisir. La politique de l’ambiguïté est désormais contre-productive et conduit à un épilogue tragique. La réussite ou l’échec des négociations à Gaza aura un effet d’entraînement inévitable au Liban. Autrement, la dynamique guerrière a tout le temps pour reprendre et imposer sa marche et défaire des blocages au profit de réalités géopolitiques alternatives.
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