
Deux ans après l’attaque du Hamas menée le 7 octobre 2023 contre Israël, et qui a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien selon l’AFP, la guerre continue à faire rage dans l’enclave palestinienne.
Sur les 251 Israéliens enlevés durant l’attaque, 47 sont toujours retenus à Gaza, dont 25 morts selon des données de l’armée israélienne.
Côté palestinien, l’offensive israélienne a fait 66.148 morts à Gaza, selon les chiffres du ministère de la Santé de Gaza.
Plan militaire
En plus de ses quelque 170.000 militaires en service actif, Israël mobilise également environ 130.000 réservistes pour mener ses opérations à Gaza. Selon le média Al Jazeera, en juillet 2023, l’armée israélienne aurait perdu au moins 887 de ses soldats depuis le début de la guerre.
Malgré de lourdes pertes difficilement quantifiables, le Hamas a recruté de nouveaux combattants au cours de la guerre. Début janvier, les services de renseignement américains estimaient que le Hamas avait recruté entre 10.000 et 15.000 membres depuis le début de la guerre. Il est cependant difficile d’établir un chiffre précis du nombre de combattants actuels du Hamas.
Selon un rapport de l’ACLED (Armed Conflict Location & Event Data) daté de septembre 2025, l’armée israélienne a mené plus de 11.790 frappes aériennes et de drones à Gaza, ainsi qu’au moins 7.530 bombardements, tirs d’artillerie et tirs de missiles. Elle a en outre été impliquée dans au moins 1.501 affrontements armés. Dans son dernier indice de conflit, l’ACLED a classé la Palestine comme l’endroit le plus dangereux au monde.
L’armée israélienne contrôle actuellement 82% de l’enclave selon des données du bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires (Ocha). Israël a intensifié ses opérations au sol en plus des bombardements aériens, avec pour objectif de contrôler le territoire et d’y maintenir une présence permanente, au lieu de mener des raids rapides. En août, elle a approuvé une opération visant à s'emparer de la ville septentrionale de Gaza et de camps de réfugiés du centre qu’elle considère comme les derniers bastions du Hamas.
De son côté, le Hamas semble privilégier les attaques ponctuelles de type guérilla à l’affrontement direct, notamment par l’utilisation d’engins explosifs improvisés, d’embuscades et de bâtiments piégés. Il est probable que le Hamas ait conservé une certaine capacité opérationnelle, en témoigne son attaque en août à Khan Younès, où le groupe avait tenté d’enlever des soldats israéliens.
Infrastructures
Selon des données de l’ONU et de la NASA analysées par l’AFP, au moins 70% des bâtiments dans la bande de Gaza ont été détruits ou endommagés. Au 4 avril 2025, l'armée israélienne avait endommagé ou causé la destruction de 174.500 bâtiments selon Onusat, le service d’analyse satellitaire de l'ONU. Ces destructions ont généré environ 53,5 millions de tonnes de gravats selon le service onusien.
Ces débris exposent la population palestinienne à des risques sanitaires selon une publication du Programme des Nations unies pour l’environnement (Unep) datée de début juillet. L'agence estime à 3,7 tonnes la quantité d'amiante issue de bâtiments anciens, et à 2,6 tonnes celle des déchets toxiques dans les débris de structures industrielles.
Plusieurs camps de réfugiés, comme ceux de Jabaliya (nord), Nousseirat, Al-Maghazi (centre), Khan Younès et Rafah (sud) se situent ainsi à proximité immédiate de «débris potentiellement contaminés par de l'amiante», selon l'Unep.
Selon l’ONU au 30 juin, seuls 18 des 36 hôpitaux (50%) étaient «partiellement» opérationnels et sur 163 établissements de santé, moins de 40% (63) étaient aptes à délivrer des soins. En outre, selon l’OMS, l’assaut israélien sur l’hôpital Al-Chifa, le plus grand hôpital de Gaza, l’a réduit à une «coquille vide avec des tombes».
Au 4 avril, l’Unicef comptabilisait 501 écoles endommagées sur 564, soit près de 9 écoles sur 10. Parmi elles, 95 ont été endommagées (potentiellement sévèrement) et 406 directement touchées.
Avant le conflit, la bande de Gaza était alimentée en moyenne 12 heures par jour, d'après des chiffres de l’Ocha. Mais en 2024, le réseau électrique n'était plus disponible à aucune heure de la journée.
Faute de carburant, l'unique centrale électrique de la bande de Gaza a cessé de fonctionner dès les premiers jours du conflit, et les lignes électriques provenant d'Israël ont été coupées.
Selon le projet Black Marble de la NASA, un seul secteur de Gaza a conservé une luminosité comparable à celle d'avant-guerre: le couloir de Philadelphie, bande de terre séparant Gaza de la frontière égyptienne et contrôlée par l'armée israélienne.
État sanitaire
Selon une analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publiée fin août, plus d’un demi-million de personnes sont en proie à la famine à Gaza, 1,07 million de personnes supplémentaires (54%) sont en situation d'urgence et 396.000 personnes (20%) sont en situation de crise.
En cause, notamment les déplacements répétés et les restrictions à l’accès humanitaire, ainsi que le manque d’accès à l’eau, et à l’aide médicale. Après avoir bloqué en mars toute aide humanitaire, Israël y a réautorisé progressivement son entrée depuis mai, mais à une échelle jugée largement insuffisante par l'ONU et les ONG. Selon l'ONU, 98% des terres cultivées à Gaza sont endommagées ou inaccessibles et neuf personnes sur dix ont été déplacées à plusieurs reprises de chez elles.
En outre, selon l’OMS, le système de santé de Gaza s’est gravement détérioré et l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement a drastiquement diminué, tandis que les infections multirésistantes explosent et que les taux de morbidité, notamment la diarrhée, la fièvre et les infections respiratoires et cutanées aiguës, atteignent des niveaux alarmants chez les enfants.
Justice internationale
En mai 2024, le procureur Karim Khan a demandé à la chambre de première instance de la Cour pénale internationale (CPI) des mandats d’arrêt contre le Premier ministre Benjamin Netanyahou et le ministre de la Défense Yoav Gallant côté israélien, et contre les dirigeants du Hamas Yahya Sinwar, Mohammed Deif, et Ismaïl Haniyé côté palestinien, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les procédures ont été levées pour les Palestiniens à la suite de leur mort respective.
Parallèlement, l’Afrique du Sud a déposé plainte contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ) en décembre 2023, l’accusant de génocide contre les Palestiniens à Gaza au titre de la Convention de 1948. L’affaire est toujours en cours.
Reconnaissance de la Palestine
Lors de la 80ème Assemblée générale de l’ONU en septembre, plusieurs pays comme la France, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, le Portugal, le Luxembourg, Malte, Monaco, Andorre et la Belgique ont reconnu officiellement l’État de Palestine.
Cette reconnaissance a été faite en raison de l’aggravation de la situation à Gaza et dans l’objectif affiché d’avancer vers la solution à deux États.
Plan Trump pour Gaza
Le président américain Donald Trump a dévoilé fin septembre un plan de paix en 21 points afin de mettre fin à la guerre à Gaza. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou en a soutenu le principe lors d'une conférence de presse au côté de Donald Trump.
En cas d’accord, le texte prévoit l’arrêt de la guerre et la suspension des opérations militaires israéliennes dans le territoire, ainsi que la libération des otages israéliens et de 1.950 Palestiniens détenus.
Israël devrait alors se retirer de Gaza «par étape» et le territoire serait gouverné de façon transitoire par un «comité palestinien technocratique et apolitique» sous la supervision d’un organe international géré notamment par Donald Trump et l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair.
Donald Trump n'exclut pas, en outre, la création d'un État palestinien, malgré l'opposition ferme de Benjamin Netanyahou, dans le sillage des reconnaissances récentes d'un État de Palestine par la France, la Grande-Bretagne et d'autres pays.
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