
Le président de la Chambre, Nabih Berry, ne prend la parole que lorsque la situation l’exige ou lorsqu’il devient nécessaire de faire passer un message, aussi bien sur la scène interne qu’externe.
Fort de quarante années d’expérience et d’habileté dans la gestion de crises à répétition, il sait choisir son interlocuteur, son ton et le canal le plus approprié. Sa dernière déclaration s’inscrit pleinement dans cette logique, tant sur la forme que sur le fond.
Cette fois, Berry a rompu son silence sur un sujet interne lié à l’après-guerre israélienne, et non sur le front sud comme ces derniers temps.
Pour transmettre son message, il a choisi de s’exprimer dans les colonnes du quotidien An-Nahar par le truchement du journaliste Radwan Akil, l’une des voix chiites les plus équilibrées et objectives face à la ligne du Hezbollah. Ce choix n’est pas anodin: le journal porte une forte symbolique chrétienne, marqué par les assassinats de Samir Kassir et Gebran Tuéni en 2005, et s’oppose depuis à l’orientation du Hezbollah.
En quelques lignes, Berry a balayé les rumeurs sur une prétendue volonté de la communauté chiite d’obtenir des gains politiques ou des amendements constitutionnels pour renforcer sa présence dans les institutions.
Il répond ainsi aux discussions en coulisses sur la création d’un poste de vice-président doté de prérogatives réelles ou l’éventuelle attribution du commandement de l’armée aux chiites pour rassurer l’électorat du Hezbollah. Autant de spéculations restées sans suite, aussi bien au Liban qu’à l’étranger.
Il est même allé plus loin en tranchant la question de la troïka, largement évoquée dans les cercles politiques mais jamais publiquement, en la rejetant catégoriquement.
Par ailleurs, Berry a réaffirmé son attachement à l’accord de Taëf, à la création d’un Sénat représentant les familles spirituelles et les communautés religieuses, ainsi qu’au principe d’une Chambre des députés non confessionnelle. Une évolution qui ne bouleverserait pas les équilibres actuels, à condition qu’une loi électorale équitable assure une juste répartition des sièges.
Même Michel Aoun, autrefois son opposant, s’est toujours dit fidèle à Taëf. À travers cette déclaration, Berry rappelle que les chiites entendent rester pleinement intégrés à l’État, malgré les voix dissonantes.
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