L’Iran met en garde contre des «surprises stratégiques» à l’occasion de la semaine de la Défense sacrée
© ©ATTA KENARE / AFP

Le chef d’état-major des forces armées iraniennes, Abdolrahim Mousavi, a lancé lundi un avertissement sévère aux adversaires de Téhéran, affirmant que le pays est prêt à infliger des «surprises stratégiques» en cas d’attaque.

Dans un message adressé à l’occasion de l’ouverture de la semaine de la Défense sacrée, il a insisté sur le renforcement des capacités de dissuasion de l’Iran, affirmant que l’armée répondrait à toute menace de façon «opportune, décisive et propre à susciter des regrets».

Cette déclaration intervient donc à l’occasion de la commémoration annuelle de la la guerre Iran-Irak (1980-1988), connue en Iran sous le nom de Défense sacrée. Mousavi a ainsi relié la préparation militaire actuelle à la mémoire d’un conflit qui continue de marquer l’identité de la République islamique.

Il a également mis en avant les progrès réalisés dans le développement de technologies de défense locales, qu’il s’agisse de missiles, de drones ou de capacités cybernétiques. Il a appelé à poursuivre l’investissement dans les outils de guerre modernes et mis en garde contre ce qu’il a qualifié de «guerre cognitive», faisant référence à la désinformation et aux opérations psychologiques.

Pourquoi la semaine de la Défense sacrée est importante

La semaine de la Défense sacrée est régulièrement utilisée par Téhéran comme vitrine de son industrie militaire. À travers des défilés organisés dans la capitale et d’autres villes, l’Iran expose ses systèmes de missiles, ses blindés et ses drones aériens, des démonstrations destinées à la fois à rassurer la population sur le niveau de préparation militaire du pays et à envoyer un message de dissuasion à ses adversaires.

La semaine de la Défense sacrée commémore l’invasion de l’Iran par Saddam Hussein le 22 septembre 1980. Huit années de guerre ont suivi, laissant derrière elles une immense destruction et des dizaines de milliers de vies perdues. Pour l’Iran, ce conflit a constitué l’épreuve fondatrice de l’État post-révolutionnaire.

Le terme «Défense sacrée» traduit la vision officielle selon laquelle la guerre n’était pas seulement une question de frontières, mais un combat pour la survie même de la République islamique.

Les commémorations donnent lieu à des visites de cimetières, des programmes culturels, des hommages médiatiques aux anciens combattants et des activités dites pédagogiques destinées aux élèves.

Aujourd’hui encore, la mémoire de cette guerre continue d’influencer la stratégie des dirigeants iraniens. Le sentiment d’avoir dû affronter presque seul l’Irak, soutenu à l’époque par plusieurs grandes puissances, nourrit chez eux la conviction selon laquelle l’Iran doit compter avant tout sur ses propres industries de défense et ses alliances.

 

Des implications qui dépassent l’anniversaire

Les mises en garde du général Mousavi traduisent surtout le durcissement de la position militaire iranienne après la guerre de juin 2025 avec Israël et l’intervention des États-Unis. Le conflit militaire, au cours duquel Téhéran a mené des frappes de représailles iraniennes sur plusieurs villes israéliennes, dont Tel-Aviv, a fait des victimes des deux côtés.

En retour, les bombardements américains contre les sites nucléaires de Fordow et de Natanz ont été perçus par Téhéran comme des actes d’agression directe.

La rhétorique actuelle iranienne remplit ainsi un double rôle: dissuader les adversaires tout en affichant la fermeté du régime auprès de la population.

Reste que le conflit de juin 2025 a révélé les failles du système iranien de défense. Les frappes israéliennes contre Natanz et Fordow ont gravement endommagé les infrastructures nucléaires et freiné le programme du pays.

Malgré ses affirmations de résilience et de puissance dissuasive, l’Iran a vu ses vulnérabilités mises à nu.

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