Ben Farhane à Baabda sur fond d’appel au dialogue lancé par Naïm Qassem
©Ici Beyrouth

La visite à Beyrouth de l’émissaire saoudien Yazid ben Farhane a coïncidé avec l’appel lancé par cheikh Naïm Qassem en faveur d’un dialogue entre le parti chiite et l’Arabie saoudite. Selon des sources politiques, ce timing est un pur hasard. L’émissaire saoudien n’a d’ailleurs formulé aucun commentaire à ce sujet, signe que Riyad s’est contenté d’en prendre acte.

D’après ces sources, la rencontre entre Ben Farhane et le président de la République, Joseph Aoun, traduit une réaffirmation du soutien saoudien à l’État libanais, seul détenteur légitime des décisions politiques et militaires. Tous les acteurs libanais, insiste-t-on de mêmes sources, sont donc appelés à se placer sous l’autorité de l’État et à respecter la Constitution, l’accord de Taëf, les lois en vigueur ainsi que les résolutions internationales. Dans cette optique, le «choix de l’État» apparaît clairement comme indissociable de l’exclusivité du port d’armes et de la fin de toute manifestation armée, qu’elle soit à l’intérieur ou à l’extérieur du territoire libanais.

Et ces sources de rappeler par ailleurs que le Royaume n’a jamais nourri d’hostilité envers aucune composante libanaise. Toutefois, certains acteurs, au premier rang desquels le Hezbollah, ont adopté une posture de confrontation avec Riyad, allant jusqu’à porter atteinte aux intérêts, à la sécurité et à la stabilité de l’Arabie saoudite. Cette attitude s’est traduite, précise-t-on, par une implication directe dans plusieurs crises régionales, au Yémen, à Bahreïn, au Koweït et en Syrie. Elle s’est également manifestée par une volonté de mainmise sur le Liban. Des informations avaient même circulé concernant des tentatives d’ingérence du Hezbollah en Arabie saoudite, conjuguées à un discours particulièrement virulent à l’égard du pouvoir en place.

Partant de ce constat, toujours selon ces mêmes sources, l’Arabie saoudite œuvre activement en faveur de la stabilité du Liban et de l’ensemble de la région. Cette stabilité est néanmoins tributaire d’un État fort, détenteur du monopole des armes et seule partie habilitée à décider de la guerre et de la paix – une réalité que le Hezbollah refuse toujours de reconnaître. Elles mettent en garde contre la tentation du parti chiite d’instrumentaliser son appel au dialogue avec Riyad pour arracher des concessions politiques en contrepartie de la question des armes – une démarche qui minerait l’accord de Taëf et que le Royaume ne saurait accepter.

À l’échelle régionale, les politiques menées par l’Iran, dont le Hezbollah a souvent été le fer de lance, ont annihilé toute perspective de compromis et de paix, à en croire ces mêmes sources. Au lieu d’apaiser les tensions, elles ont plongé Palestiniens, Libanais, Syriens, Irakiens, Yéménites et même Iraniens dans la dévastation. Modifier cet état de fait suppose donc un changement de cap de Téhéran. L’Iran devrait accepter de favoriser le calme et la stabilité, conditions préalables à un règlement des crises régionales. Parmi celles-ci, la question palestinienne demeure centrale. Elle ne trouvera d’issue qu’à travers une solution diplomatique débouchant sur la création de deux États, après que les politiques iraniennes ont contribué à la destruction de Gaza et plongé les Palestiniens, et avec eux toute la région, dans l’incertitude.

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