Selon des informations recoupées, il apparaît clairement que l’escalade israélienne n’aura pas lieu avant la fin de la visite du pape Léon XIV au Liban, prévue fin novembre. Les Israéliens ont donné des garanties aux Américains que la visite se déroulera sans montée de tension ni incident sécuritaire, afin de faciliter le déplacement du Pape – de nationalité « américaine » – et en raison de la portée symbolique de cet événement.
Pourtant, pendant ce semblant de trêve, Israël poursuit la traque des cadres militaires du Hezbollah avec une précision extrême, comme si chacun de leurs mouvements était suivi : une cible manquée aujourd’hui sera certainement neutralisée le lendemain. Ce mode d’action vise manifestement à exercer une pression psychologique sur une direction du Hezbollah visiblement plongée dans le déni.
Trois éléments relevés ces derniers jours permettent d’esquisser la phase post-visite papale et d’anticiper l’issue de la bataille décisive.
Le premier élément concerne les frappes israéliennes, qui ont remis au premier plan les avertissements d’Avichay Adraee. Il est frappant que, dans ses mises en garde publiques, Israël ait délibérément indiqué la carte et le point visé par le raid, ainsi que des détails sur les bâtiments avoisinants, notamment ceux liés à l’armée. Cela justifie la remarque du chef de l’État après les frappes : le message est clair. Israël sous-entendait que l’armée, présente à proximité de ces infrastructures militaires du Hezbollah, connaissait leur existence sans avoir mené d’action sérieuse. Et le commandant de l’armée d’affirmer en Conseil des ministres que la planification devrait être gelée jusqu’au retrait d’Israël. D’où la réponse israélienne, qui a visé des points proches de l’armée en lui imputant un manque de vigilance.
Le deuxième élément concerne la lettre du Hezbollah elle-même, qui confirme son décalage avec la réalité et le bon sens, misant uniquement sur le facteur temps. Le parti est conscient qu’il ne dispose d’aucune capacité de changement du rapport de forces général, si ce n’est d’espérer un retournement qui pourrait ne jamais survenir. Peut-être mise-t-il sur une contre-offensive, sur l’ouverture d’un autre front ailleurs dans le monde qui détournerait l’attention des puissances, ou sur un regain d’influence iranien dans les négociations pour lui venir en aide. Son jeu révèle surtout qu’il est hors du temps et de toute logique : ses coups ont même touché Nabih Berry, qui tente aujourd’hui d’introduire davantage de civils dans le mécanisme.
Le troisième point, le plus important, concerne l’information sur l’échec d’une opération iranienne visant à assassiner l’ambassadeur d’Israël au Mexique. En règle générale, Israël ne prend pas ce type d’événement à la légère. En 1968, un attentat contre un avion israélien à Athènes, attribué à des auteurs décollant de Beyrouth, avait été suivi d’une opération commando contre l’aéroport de Beyrouth et du bombardement de treize appareils libanais. En 1982, la tentative d’assassinat de l’ambassadeur israélien à Londres, Shlomo Argov, avait conduit à l’invasion du Liban pour anéantir l’Organisation de libération de la Palestine, accusée de l’attaque.
Autant d’exemples qui montrent que la riposte pourrait, cette fois, s’orienter non plus vers Beyrouth, mais vers Téhéran.


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