
Introduire des billets de plus grande dénomination pour la livre libanaise relève du bon sens, sachant qu’aujourd’hui la plus grande coupure en circulation est de 100.000 livres libanaises, soit l’équivalent d’environ un dollar. Les autres billets ont une valeur encore moindre: 50.000 livres (près d’un demi-dollar ou 50 cents), 20.000, 10.000 et 5.000 livres. Le Liban connaît depuis six ans un effondrement monétaire, la livre ayant perdu près de 60 fois sa valeur pour atteindre environ 90.000 livres pour un dollar.
La semaine dernière, la commission parlementaire des Finances et du Budget a amendé la loi autorisant la Banque du Liban à émettre de nouveaux billets de monnaie nationale, notamment des coupures de 500.000, de 1.000.000 et de 5.000.000 de livres libanaises. Cet amendement devrait être prochainement approuvé par le Parlement.
Un nouveau contexte monétaire
Vraisemblablement, le Liban entre dans une nouvelle phase pour sa monnaie fiduciaire, avec des billets qui devraient refléter les besoins d’un marché qui s’est adapté depuis deux ans et demi à un taux de change officiel de 89.500 livres pour un dollar, et à un taux de change tournant autour de 90.500 livres pour les transactions commerciales quotidiennes.
Le nouveau contexte monétaire nécessite des coupures de billets en livres libanaises de dénomination supérieure à celles qui sont en circulation, que ce soit des billets de 500.000, de 1.000.000 ou de 5.000.000 de livres. Dans les prochains mois, un billet de 5.000.000 vaudra environ 55 dollars, alors qu’un billet de 100.000 valait près de 66 dollars au taux de 1.507,5 livres avant la crise.
Pas de création monétaire
«L’émission de ces nouveaux billets pourrait redonner à la livre son rôle dans les paiements et les transactions commerciales», explique un économiste interrogé par Ici Beyrouth sous couvert d’anonymat. Concrètement, les Libanais pourront régler plus facilement leurs dépenses avec un nombre réduit de coupures, ce qui rendra les paiements plus rapides et plus pratiques, tout en stimulant l’usage de la monnaie locale.
L’expert insiste toutefois: «L’impression de ces billets n’a rien à voir avec le taux de change ou la politique monétaire du ministère des Finances, ni avec le contrôle de la masse monétaire par la Banque du Liban. Autrement dit, il ne s’agit pas de création monétaire, mais simplement de l’introduction de coupures de plus grande valeur».
La circulaire de la BDL en amont
En réponse à une question, la source précitée a qualifié l’interprétation de la circulaire intermédiaire n°743, émise par la Banque du Liban le 10 septembre 2025, de mesure destinée à encourager à nouveau l’inclusion financière et l’utilisation de la livre libanaise dans les opérations commerciales.
La circulaire intermédiaire n°743 a interdit toute restriction ou commission sur les montants issus de l’utilisation de cartes bancaires de paiement en livres libanaises. Ces cartes, émises sur le marché local et utilisées par les particuliers sur des terminaux de points de vente, pourront désormais permettre des retraits en espèces.
Commentaires