
Cocaïne: les prix plongent, le danger explose. Au Liban comme ailleurs, le gramme n’a jamais été aussi bon marché. Une «bonne affaire» en apparence, mais qui cache une réalité sombre: banalisation de la consommation, multiplication des accros et risques sanitaires en forte hausse.
La cocaïne, ou «coc» pour les habitués, n’a jamais été aussi bon marché. Entre records de production en Amérique latine et effondrement des prix mondiaux, la poudre blanche circule plus librement que jamais. Même au Liban, où elle s’invite dans les bars et les soirées, la tendance se confirme: un gramme peut coûter moins qu’un dîner dans un restaurant moyen. Mais derrière cette apparente démocratisation, c’est une crise sanitaire silencieuse qui s’installe.
Un marché mondial dopé par l’offre
Selon South Shore Recovery, un centre de traitement d’addictions au Massachusetts, le prix moyen d’un gramme de cocaïne varie entre 60 et 200 dollars, tandis que les prix de gros atteignent entre 28.000 et 70.000 dollars le kilo. En Australie, le prix du kilo a plongé de 450.000 à environ 130.000 dollars, rapporte le Daily Telegraph.
La production mondiale explose, tirée par la Colombie qui bat tous les records avec plus de 3.000 tonnes par an, selon le Wall Street Journal. Résultat: la cocaïne n’a jamais été aussi abondante… ni aussi abordable.
Et au Liban?
Pas de chiffres officiels, mais le pays reste un point de transit majeur. De Beyrouth à Tripoli, les réseaux se multiplient et l’accessibilité suit la tendance mondiale: 60 à 200 dollars le gramme, d’après plusieurs sources combinées.
Dans la scène nocturne, la cocaïne s’affiche désormais sans complexe. «On peut en acheter comme on commande un verre», confie un habitué des bars branchés de la capitale. Certains serveurs ou «intermédiaires» proposent discrètement le sachet aux clients réguliers.
Un responsable d’une ONG spécialisée dans les addictions s’inquiète: «La banalisation est totale. On ne parle plus d’un produit marginal, mais d’une offre intégrée aux soirées. Cela ouvre la porte aux plus jeunes et aux plus vulnérables.»
Quand la fête vire au piège
La baisse des prix attire de nouveaux consommateurs. Selon l’ONU, la demande est en hausse en Europe et dans les Amériques. Au Liban, difficile d’évaluer le nombre exact d’usagers, mais les centres de réhabilitation constatent une augmentation des admissions liées à la cocaïne. «On reçoit de plus en plus de jeunes de 18 à 25 ans», note une psychologue d’une ONG. «Ils racontent que la première ligne a été partagée entre amis dans un bar, parfois sans même payer.»
Moins chère, plus accessible, plus normalisée: la cocaïne devient une drogue «ordinaire» dans l’imaginaire collectif. Mais derrière cette illusion se cache une crise sanitaire. Dépendance, overdoses, isolement social: autant de coûts invisibles qui explosent déjà. De plus, les chiffres internationaux le confirment: les décès liés à la cocaïne augmentent chaque année.
Ce qui pouvait ressembler à une «bonne affaire» pour le portefeuille est en réalité une mauvaise nouvelle pour la santé publique. Parce que si les prix chutent, le coût humain, lui, grimpe en flèche.
Commentaires