Indonésie: des milliers de manifestants à travers le pays, l'armée déployée
Des policiers en civil armés de matraques dispersent des manifestants devant le siège de la police métropolitaine de Bekasi, dans l'ouest de Java, le 1er septembre 2025, lors d'affrontements liés à une vague de manifestations qui s'est propagée dans les grandes villes, après la diffusion d'une vidéo montrant un véhicule blindé de la police percutant un chauffeur de moto-taxi lors d'une manifestation précédente. © REZAS / AFP

Des milliers de personnes ont manifesté lundi dans plusieurs villes d'Indonésie et l'armée s'est déployée dans la capitale Jakarta après de violents troubles qui ont fait six morts ces derniers jours.

Les manifestations ont débuté lundi dernier pour protester contre des indemnités de logement attribuées aux députés et considérées comme trop élevées.

Les protestations, visant également à dénoncer les difficultés économiques, ont dégénéré après la mort jeudi d'un chauffeur de moto-taxi écrasé par un véhicule de police à Jakarta et dont une vidéo est devenue virale.

Lundi après-midi, au moins 300 personnes se sont rassemblées devant le Parlement à Jakarta, sous la surveillance de dizaines de soldats, selon une journaliste de l'AFP.

À Palembang, sur l'île de Sumatra, une manifestation a réuni plusieurs milliers de personnes. Des centaines d'autres se sont rassemblées à Banjarmasin sur l'île de Bornéo et à Yogyakarta (centre), selon des journalistes de l'AFP.

«Notre objectif principal est de réformer le Parlement. Nous espérons que (les députés) viendront nous rencontrer. Nous voulons leur parler directement», a témoigné à l'AFP Nafta Keisya Kemalia, étudiante, s'interrogeant: «Veulent-ils attendre que la loi martiale soit instaurée?».

Ces manifestations, qui ont débuté il y a une semaine dans un calme relatif, sont les plus massives et violentes depuis l'arrivée au pouvoir de Prabowo Subianto en octobre dernier.

Dimanche, le président a tenté de répondre aux revendications des manifestants, en annonçant la suppression d'une indemnité très décriée qui devait être versée aux députés.

Mais tout en soulignant que «le droit de réunion pacifique doit être respecté et protégé», il a affiché une grande fermeté: «Nous ne pouvons nier qu'il existe des signes d'actions illégales (...) qui relèvent même de la trahison et du terrorisme».

La mort d'un chauffeur de taxi-moto jeudi, écrasé par un véhicule de police, a mis le feu aux poudres, déclenchant une vague de colère contre les forces de l'ordre.

Lundi, Agus Wijayanto, en charge de la «responsabilité» au sein de la police nationale, a indiqué qu'une enquête avait révélé des actes criminels commis par deux officiers, dont le conducteur de la camionnette. Au total, sept officiers ont été arrêtés.

Les deux officiers qui comparaîtront mercredi devant un tribunal d'éthique «pourraient être révoqués», a indiqué M. Agus.

Lundi, la police a installé des points de contrôle dans toute la capitale tandis que des militaires ont effectué des patrouilles dans toute la ville et déployé des tireurs d'élite.

Des centaines de soldats étaient positionnés autour du Monument national (Monas) et certains étaient postés devant le palais présidentiel, selon une journaliste de l'AFP.

Les rues de la métropole, habituellement encombrées, étaient plus calmes que d'habitude, de nombreuses entreprises et administrations ayant prié leurs employés de travailler à domicile.

Pillages 

«Le gouvernement indonésien est un désastre. Le cabinet et le Parlement n'écoutent pas les appels du peuple», a témoigné à l'AFP Suwardi, 60 ans, vendeur de snacks, près du Parlement, et qui comme beaucoup d'Indonésiens ne porte qu'un seul nom.

Signe d'inquiétude des marchés, la Bourse de Jakarta a cédé plus de 3% à l'ouverture.

Aux incidents lors de manifestations se sont ajoutés ces derniers jours des pillages de maisons de plusieurs députés et de la ministre des Finances, Sri Mulyani Indrawati.

Le bilan humain des troubles s'est alourdi à six morts.

Trois personnes sont mortes vendredi à Makassar (Célèbes du Sud), dans l'incendie d'un bâtiment public provoqué par des émeutiers. Un homme est décédé vendredi, toujours à Makassar, battu par la foule qui le soupçonnait d'être un agent de renseignement.

À Yogyakarta (centre), l'Université Amikom a confirmé la mort d'un de ses étudiants, Rheza Sendy Pratama, lors d'une manifestation, sans en préciser les circonstances.

Les tensions ont forcé Prabowo à annuler un déplacement officiel prévu cette semaine en Chine pour un défilé militaire commémorant la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Samedi, la plateforme de réseaux sociaux TikTok a annoncé suspendre pour «quelques jours» sa fonctionnalité «live» (direct) en Indonésie, «en raison de l'escalade de la violence lors des manifestations».

Avec AFP

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