L'Irak veut rapatrier des «centaines» de détenues étrangères et leurs enfants
Des femmes et des enfants font la queue lors d’une opération conjointe des forces de sécurité intérieure kurdes de Syrie, connues sous le nom d’Asayesh, et des Forces démocratiques syriennes (FDS), dans le camp de Roj où sont détenus des proches étrangers de personnes soupçonnées d’appartenir au groupe État islamique (EI), dans la campagne près d’al-Malikiyah (Derik), dans la province de Hassaké, au nord-est de la Syrie, le 5 avril 2025. ©Delil Souleiman / AFP

L'Irak a annoncé vouloir renvoyer dans leur pays «des centaines» de détenues étrangères et leurs enfants, mais deux diplomates étrangers interrogés lundi par l'AFP avertissent que de telles procédures s'annoncent très longues.

L'initiative exclut les femmes condamnées à mort, mais englobe des détenues affiliées au groupe État islamique (EI) ou des prisonnières de droit commun, a expliqué à l'AFP un responsable sécuritaire irakien.

Le nombre le plus élevé de prisonnières vient de trois pays: la Turquie, l'Azerbaïdjan et la Russie, a-t-il précisé.

La France est aussi concernée avec deux femmes condamnées en Irak, dont Djamila Boutoutaou, qui a écopé de 20 ans de réclusion criminelle en 2018 en lien avec l'EI.

Les autorités irakiennes ont créé un comité «chargé d'établir un plan pour rapatrier les détenues étrangères et arabes, ainsi que leurs enfants», a indiqué le porte-parole du ministère de la Justice Ahmed Laïbi, cité samedi par l'agence de presse étatique INA.

«Nous avons des centaines de femmes et d'enfants dans nos établissements pénitenciers», a-t-il ajouté, précisant que le comité était présidé par le ministre de la Justice.

Il a souligné l'importance d'une mesure «contribuant à réduire la surpopulation carcérale».

Quelque 625 étrangères et leurs 60 enfants sont en prison, essentiellement des détenues affiliées à l'EI, selon une source judiciaire,

L'Irak aux infrastructures en déliquescence veut alléger une surpopulation carcérale passée de 300% à 150%, avait annoncé fin juillet le ministère de la Justice.

Parmi les détenus se trouvent des milliers d'Irakiens et des étrangers condamnés pour appartenance à l'EI souvent au terme de procès hâtifs selon les ONG.

Les jihadistes mis en déroute en 2017 en Irak avaient enchaîné les exactions après une percée fulgurante trois ans plus tôt.

Pour discuter des rapatriements, le ministère de la Justice avait réuni le 21 août les représentants des chancelleries diplomatiques à Bagdad, mettant l'accent sur «l'aspect humanitaire» du sujet, notamment pour les enfants.

«Je ne suis pas certain que cela puisse arriver très rapidement», a indiqué à l'AFP un diplomate européen s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité du dossier.

Les rapatriements «seront possibles seulement en cas d'accords bilatéraux entre deux pays».

Un diplomate arabe a estimé que «de telles procédures ne peuvent pas se terminer rapidement» car il faut «un cadre juridique».

«Pour accélérer le processus avec les pays qui n'ont pas de conventions (bilatérales), les autorités irakiennes ont proposé de recourir à des protocoles d'entente: cela permettrait au pouvoir exécutif" d'agir sans attendre une ratification au Parlement».

AFP

 

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