
L’Iran a annoncé qu’il tiendra mardi de nouvelles négociations sur son programme nucléaire avec Paris, Berlin et Londres, qui menacent de rétablir les sanctions contre Téhéran.
Cette rencontre, dont le lieu n’a pas été communiqué, doit se tenir «au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères», a indiqué le ministère iranien dans un communiqué.
Les chefs de la diplomatie français Jean-Noël Barrot, britannique David Lammy, allemand Johann Wadephul et la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, se sont entretenus vendredi par téléphone avec leur homologue iranien Abbas Araghchi.
Il s’agissait d’un «appel important (...) au sujet du programme nucléaire et des sanctions contre l’Iran que nous nous apprêtons à réappliquer», a affirmé sur X le ministre français, selon qui «le temps presse».
«Une nouvelle rencontre aura lieu la semaine prochaine à ce sujet», ajoute-t-il, confirmant l’annonce iranienne.
Les émissaires européens avaient renoué le dialogue fin juillet avec Téhéran sur son programme nucléaire lors d’une réunion à Istanbul, la première après la guerre de 12 jours entre Israël et l’Iran déclenchée le 13 juin par une attaque israélienne contre des sites nucléaires et militaires iraniens.
Les trois pays européens menacent de déclencher à l’automne le mécanisme de rétablissement des sanctions (dit «snapback») internationales contre l’Iran, prévu par l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, en l’absence de solution négociée.
Cet accord, le JCPOA, prévoyait d’importantes restrictions au programme nucléaire iranien, en échange d’une levée progressive des sanctions de l’ONU.
Les puissances occidentales craignent que l’Iran ne poursuive son programme nucléaire pour se doter de l’arme atomique, ce que les autorités iraniennes réfutent.
«Compétences juridique et morale»
Les États-Unis se sont retirés unilatéralement du JCPOA en 2018 et ont réimposé leurs sanctions mais les trois pays européens – E3 en langage diplomatique – avaient assuré leur attachement aux engagements pris et leur volonté de poursuivre les échanges commerciaux avec l’Iran.
Les sanctions onusiennes et européennes n’ont donc pas été rétablies.
Les pays européens accusent toutefois Téhéran de ne pas avoir respecté ses engagements et ont menacé de les rétablir en vertu d’une clause prévue par l’accord qui expire en octobre, ce que l’Iran cherche à éviter à tout prix.
Ils ont proposé à Téhéran de prolonger cette échéance si l’Iran reprenait les discussions avec Washington et rétablissait sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Mercredi, M. Araghchi a exprimé le rejet de son pays de cette prolongation proposée par les puissances européennes.
«À partir du moment où nous considérons qu’elles n’ont pas le droit de mettre en œuvre le snapback, il est naturel qu’elles n’ont pas non plus le droit d’en prolonger le délai», a déclaré M. Araghchi à l’agence de presse officielle Irna.
«Nous n’avons pas encore atteint une base pour des négociations avec les Européens», a-t-il ajouté.
Il a mis en avant vendredi «l’absence de compétences juridique et morale de ces pays pour recourir audit mécanisme» de «snapback», et mis en garde contre «les conséquences d’une telle action».
L’Iran a déjà averti qu’il pourrait se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) si les sanctions étaient rétablies.
Téhéran affirme aussi travailler avec la Chine et la Russie, autres signataires du JCPOA, pour empêcher le rétablissement des sanctions.
L’Iran avait suspendu début juillet toute coopération avec l’AIEA, estimant qu’elle avait une part de responsabilité dans le déclenchement des frappes israéliennes et américaines en juin.
AFP
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