Syrie: dans le fief des druzes, des manifestants réclament l'autodétermination
Des Syriens se rassemblent pour protester contre la situation humanitaire dans la ville majoritairement druze de Soueida, le 28 juillet 2025. ©Shadi Al-Dubaisi / AFP

Des centaines de personnes ont manifesté samedi à Soueida, dans le sud de la Syrie, pour dénoncer les violences intercommunautaires du mois dernier et réclamer l'autodétermination de cette province à majorité druze, a constaté un correspondant de l'AFP.

Les affrontements avaient éclaté le 13 juillet entre combattants druzes et Bédouins sunnites, avant de s'étendre avec l'intervention des forces gouvernementales et de volontaires venus d'autres régions.

Damas affirme que ses troupes sont intervenues pour mettre un terme aux heurts. Mais des témoins, des factions druzes et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) accusent les autorités d'avoir pris parti pour les Bédouins et commis des exactions contre les Druzes.

Selon l'OSDH, les violences ont fait environ 1.600 morts, majoritairement des civils druzes.

«Soueida libre» ou «Al-Jolani dégage», ont scandé les protestataires rassemblés sur l'une des principales places de Soueida, en référence au président par intérim Ahmad al-Chareh, connu jadis sous son nom de guerre Abou Mohammad al-Jolani lorsqu'il dirigeait un groupe rebelle islamiste.

En décembre, M. al-Chareh était à la tête de la coalition de rebelles et de jihadistes ayant renversé l'ancien président Bachar al-Assad pour prendre le pouvoir.

«Le droit à l'autodétermination est un droit sacré pour Soueida», proclamaient des pancartes, tandis que d'autres appelaient à l'ouverture d'un corridor humanitaire depuis la Jordanie voisine.

«Soueida a pris position aujourd'hui (...) sous le slogan du droit à l'autodétermination», a affirmé à l'AFP Mounif Rachid, 51 ans. «Personne ne peut la blâmer car l'attaque qu'elle a subie était hors norme.»

Certains manifestants ont brandi le drapeau israélien: Israël, qui abrite une importante communauté druze, avait bombardé des positions gouvernementales lors des affrontements, affirmant vouloir protéger la minorité.

Dans un direct diffusé par un média local, une femme s'est adressée à la foule sous les applaudissements: «Nous ne voulons ni autoadministration, ni fédéralisme. Nous voulons l'indépendance totale.»

«Nous sommes assiégés depuis plus d'un mois. Nous appelons la communauté internationale à ouvrir des corridors humanitaires», a renchéri Moustafa Sehnawi, un manifestant syro-américain.

Les habitants accusent les autorités d'imposer un blocus, ce que Damas dément en mettant en avant l'entrée de convois d'aide.

Les médias d'État ont rapporté qu'un nouveau convoi était arrivé samedi, mais selon l'OSDH, l'autoroute reliant Damas à Soueida reste coupée par des groupes armés progouvernementaux qui empêchent la reprise des échanges commerciaux.

Le mois dernier, les autorités avaient annoncé la formation d'une commission d'enquête pour les violences à Soueida.

AFP

 

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