
L’effronterie n’a pas de limites. Le chef du Hezbollah, Naïm Kassem, l’a prouvé, encore une fois, vendredi, en forçant la dose sur les menaces à l’encontre de l’État et des Libanais. Dans un discours au ton plus belliqueux que les précédents, il a littéralement lié le sort du Liban au dossier des armes de sa formation. «Le Liban ne peut être édifié qu'avec l’ensemble de ses composantes. S’il faut qu’il perdure, il devra l’être avec nous tous, sinon nous devons faire le deuil du pays», a-t-il lancé, après avoir affirmé être prêt à «mener une bataille de vie ou de mort face au projet israélo-américain que le gouvernement veut mettre en œuvre».
Dans son discours télévisé à l’occasion du «quarantième de l’imam Hussein», le chef du Hezbollah s’est attelé à ce qui semble être devenu son jeu favori depuis que la question du désarmement de son groupe a commencé à faire son chemin vers une exécution assurée: déformer l’esprit et le texte de la Constitution et de l’accord de Taëf pour essayer, hypocritement, de justifier le maintien des armes de sa formation et, par voie de conséquence, de tous les privilèges que celle-ci s’est arrogée en l’absence d’un État fort qu’elle s’est attelée pendant des années à affaiblir. Comme ceux d’entraîner le Liban dans des guerres destructrices au profit de l’axe dont elle relève, ou encore d’envahir Beyrouth et de tourner ses armes contre ses compatriotes parce que ses intérêts sécuritaires au sein de l’administration ont été mis en cause.
Ainsi, selon son raisonnement tortueux, la décision de désarmement, prise par le gouvernement, dans sa réunion du 5 août, est en contradiction avec l’article du préambule de la Constitution selon lequel «aucune légitimité n’est reconnue à un quiconque pouvoir qui contredise le pacte de vie commune».
S’érigeant en constitutionnaliste-donneur de leçons, le chef du Hezb s’est lancé dans un long plaidoyer sur la conception du partenariat national ou encore sur ce qu’il appelé «la légitimité» de ses armes, avant d’affirmer que son groupe «ne remettra pas son arsenal à l’État». Il a toutefois assorti cette annonce d’un «tant que l’occupation et les attaques israéliennes se poursuivent», dont il s’est servi en particulier pour dénoncer ce qu’il a appelé l’inaction du gouvernement face à ces attaques. «Nous vous l’avons déjà dit: faites sortir Israël des sites qu’il occupe et nous vous promettons toutes les facilités pour discuter d’une stratégie nationale de défense», a dit le chef du Hezb, évidemment sans préciser qu’une stratégie de défense devrait répondre à ses propres critères et à sa conception de la défense.
Naïm Kassem a mis en garde l’Exécutif contre toute «tentative de pousser l’armée vers une discorde qu’elle rejette». «Nous faisons assumer au gouvernement la responsabilité de toute discorde qui pourrait se produire et dont nous ne voulons pas», a-t-il dit, avant de menacer: «Mais nous nous engagerons dans cette bataille existentielle à fond, face au projet israélo-américain dont nous sortirons victorieux».
Le chef du Hezb a aussi laissé entendre que les ministres chiites proches du tandem qu’il forme avec le mouvement Amal pourraient se retirer du gouvernement au cas où celui-ci ne reviendrait pas sur ses décisions. «Certains s’interrogent sur le fait de savoir pourquoi le Hezbollah n’est pas descendu dans la rue à la suite de ces décisions. Même l’ambassadrice américaine s’en est étonnée. Amal et le Hezbollah ont décidé d’ajourner ces manifestations parce qu’il existe encore une chance pour un débat et des amendements (de la résolution gouvernementale). Mais si la confrontation persiste, des manifestations ou autres seront organisées. Pour le moment, nous avons décidé de rester au gouvernement pour l’amener à la raison», a-t-il avancé, en oubliant un détail important: la décision du gouvernement est soutenue par la majorité des Libanais, toutes communautés confondues, dont une partie même de la communauté chiite dont le Hezb est issu.
Serge H:
Il avance enfin à visage découvert et menace ouvertement de retourner les armes « de la résistance « contre le Liban et les libanais. Nous aurons besoin du soutien du monde entier pour nous débarrasser de ces traîtres au Liban et aux libanais.