
Le 8 octobre 2023, le Hezbollah s’est engagé dans la guerre de soutien au Hamas, qui avait lancé la veille l’opération Déluge d’Al-Aqsa contre Israël. Fort de décennies d’accumulation militaire, le Hezbollah intervenait au sommet de sa puissance, alors que beaucoup s’attendaient à le voir envahir les régions de la Galilée.
Cette guerre de soutien s’est achevée le 27 novembre 2024, tandis que le conflit à Gaza se poursuivait. Le Hezbollah en est ressorti profondément affaibli, ayant perdu l’essentiel de sa structure militaire et de son arsenal, fruit de plusieurs décennies d’efforts, pour un coût estimé à plusieurs milliards de dollars.
Ces pertes matérielles auraient pu être surmontées si elles n’avaient été suivies d’une série d’événements imprévus: l’assassinat de hauts responsables militaires, des attaques de drones, l’élimination des chefs de la force d’élite Al-Radwan. S’est ajouté l’assassinat du secrétaire général Hassan Nasrallah, de Hachem Safieddine, et d’autres cadres influents de la formation pro-iranienne. Acculé, le Hezbollah s’est vu contraint de chercher une issue pour limiter les dégâts et éviter un effondrement total.
D’après les informations recueillies depuis le cessez-le-feu du 27 novembre 2024, l’Iran aurait joué un rôle décisif dans l’acceptation de l’accord de trêve par le Hezbollah – un arrangement qui s’apparente à une forme de reddition. Les autorités iraniennes auraient jugé préférable de préserver l’organisation dans son état de fragilité actuel, convaincues qu’elle pourrait être reconstruite avec le temps.
Le Hezbollah a également perdu toute légitimité concernant son arsenal, auquel il devrait renoncer dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu. D’après cet accord, six entités officielles sont les seules habilitées à porter les armes au Liban. Le gouvernement du Premier ministre Nawaf Salam, par décision du Conseil des ministres, a annulé les dispositions des précédentes déclarations ministérielles qui légitimaient les armes du Hezbollah sous des appellations farfelues. L’armée libanaise a ensuite mis en œuvre un plan de monopole des armes, applicable sur l’ensemble du territoire, privant ainsi le Hezbollah de son contrôle géographique, notamment au sud et au nord du Litani.
La guerre de soutien et ses conséquences ont révélé l’écart entre les prétentions du Hezbollah et la réalité du terrain. Israël, que le mouvement pro-iranien qualifiait autrefois de «plus fragile qu’une toile d’araignée», a démontré sa capacité à infiltrer l’organisation, à mener des assassinats ciblés et des frappes d’une efficacité redoutable, sans faire face à aucune riposte significative. Chaque jour, l’État hébreux confirme sa supériorité en traquant les responsables du Hezbollah et en détruisant ce qui subsiste de ses infrastructures militaires.
Si Hassan Nasrallah avait été encore en vie, il aurait sans doute réitéré, à l’occasion de la commémoration de cette guerre, sa célèbre phrase prononcée après le conflit de juillet 2006: «Si j’avais su…»
Les pertes actuelles du Hezbollah dépassent largement celles de cette époque. Pourtant, au lieu de tirer les leçons de cette débâcle, le secrétaire général actuel, Naïm Kassem, persiste dans le déni et ravive la rhétorique de la supériorité, présentant le Hezbollah comme invincible, tant face à Israël que face à un État libanais résolu à restaurer sa souveraineté.
Commentaires