Cinq ans après l’explosion du port de Beyrouth, les appels à la justice se multiplient au Liban et à l’international
Cinq ans après la catastrophe du port de Beyrouth, responsables libanais et diplomates étrangers rendent hommage aux victimes et renouvellent leurs appels à la justice. ©Al-Markazia

Cinq ans jour pour jour après l’explosion meurtrière du port de Beyrouth, qui a coûté la vie à plus de 200 personnes et déplacé des milliers d’autres, les autorités libanaises et plusieurs acteurs internationaux ont renouvelé leurs appels à la vérité, à la justice et à la fin de l’impunité.

À l’occasion de cette journée de commémoration, le drapeau libanais a été mis en berne au palais présidentiel de Baabda.

Par ailleurs, les opérations au port de Beyrouth doivent s’interrompre à 18h dans le cadre d’un hommage national. Une minute de silence sera observée à cette heure symbolique en mémoire des victimes.

Les navires présents dans le port feront retentir leurs sirènes et les grues seront dressées en signe de recueillement, dans un hommage silencieux qui témoigne de la profondeur de la blessure nationale en ce jour de deuil.

Le ministre de l’Intérieur et des Municipalités, Ahmad Hajjar, s’est rendu au siège de la brigade des sapeurs-pompiers de Beyrouth, où il a déposé une gerbe devant le mémorial nouvellement inauguré en hommage aux secouristes tombés dans la catastrophe. 

«Il ne s’agit pas uniquement d’indemnisation financière, mais de justice et de vérité», a déclaré le ministre lors de la cérémonie. «Votre douleur est la nôtre, et nous attendons tous que la vérité éclate.»

Ahmad Hajjar a affirmé que l’État respecterait toute décision judiciaire à venir et a assuré de la coopération totale de son ministère avec celui de la Justice afin de faire toute la lumière sur ce qu’il a qualifié de «crime national». «Nul État ne peut exister sans que l’épée de la justice pèse également sur tous», a-t-il souligné.

Les prises de position internationales ont abondé dans le même sens. L’ambassade des États-Unis au Liban a publié sur X: «Il y a cinq ans, l’explosion tragique du port de Beyrouth a fait plus de 200 morts et déplacé des milliers de personnes. Nous nous tenons aux côtés du peuple libanais dans sa quête de justice. Le Liban mérite un système judiciaire indépendant et impartial, capable de rendre justice aux victimes – et non de protéger l’élite. Les États-Unis restent engagés en faveur d’un Liban stable, prospère et souverain, construit par son peuple, non par des forces extérieures.»

La coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a également exprimé sa solidarité avec les victimes et leurs familles. Dans un communiqué, elle a rappelé l’urgence d’un déblocage du processus judiciaire: «Cinq ans plus tard, la tragédie est aggravée par une absence flagrante de justice. Les victimes, les survivants et leurs familles méritent une reddition de comptes totale, et ils la méritent maintenant», a-t-elle déclaré. Elle a salué les avancées récentes dans l’enquête, ainsi que les démarches en faveur du renforcement des institutions de l’État, et a félicité le Parlement libanais pour l’adoption de la loi sur l’indépendance de la justice, qu’elle a qualifiée d’«étape importante dans la reconstruction de la confiance entre le peuple libanais et les institutions censées le servir».

L’ambassade britannique à Beyrouth a mis son drapeau en berne dimanche, à l’occasion du cinquième anniversaire de l’explosion du port de Beyrouth.

Dans un communiqué, l’ambassade a indiqué que ce geste symbolique avait été effectué «en mémoire de la tragédie du port de Beyrouth», soulignant que « les familles des victimes méritent la vérité, la justice et la reddition de comptes ».

L’ambassade de France à quant à elle salué «les efforts menés pour que toute la lumière soit faite pour rendre justice aux victimes et à tous ceux touchés par cette tragédie.

Comme l'ont souligné les autorités libanaises, mettre fin à l'impunité est essentiel au redressement du Liban, car sans justice, il n'y a pas d'État de droit possible.»

La direction générale de la Sûreté de l’État a pour sa part publié un communiqué dans lequel elle rend hommage à ses «martyrs, militaires et civils», en réaffirmant son engagement à «protéger la patrie au-delà des douleurs».

Plusieurs députés ont également réagi. Le député Raji el-Saad a écrit sur X: «La vérité finira par éclater et la justice sera rendue, même si cela prend du temps.»

Le député Nadim Gemayel a, quant à lui, dénoncé: «Cinq ans de manipulation de l’enquête, de paralysie judiciaire et de menaces contre les juges. Aujourd’hui, alors que l’État s’est partiellement libéré de la mainmise du 'mini-État', il est temps de publier l’acte d’accusation, et les appareils sécuritaires doivent assumer leurs responsabilités. Les demi-mesures ne suffisent plus. C’est la justice et l’État, ou la fin de tout espoir d’en construire un.»

 

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