Ray Bassil: coup de tonnerre dans le ciel du tir libanais
Ray Bassil dégaine pour le Qatar, tir dans le mille contre le Liban ©©️lebolympiccommittee

La nouvelle a claqué comme un coup de fusil. Ray Bassil, icône du tir libanais et quadruple représentante olympique, a décidé de troquer le drapeau du Cèdre pour celui du Qatar. Une bombe sportive qui en dit long sur l’état d’abandon dans lequel sont laissés les champions libanais.

Vendredi, la nouvelle a filtré, confirmée par plusieurs sources proches du Comité olympique libanais (COL), qui ont préféré garder l’anonymat. «C’est un choix strictement personnel, tout s’est fait par accord mutuel, sans conflit», souffle un responsable du COL. En coulisses, la procédure a été menée tambour battant: demande officielle de Ray Bassil à l’Union libanaise de tir, approbation du COL, puis validation finale par la Fédération internationale.

 

«Nous avons donné notre feu vert parce qu’elle veut évoluer dans de meilleures conditions. On ne pouvait pas l’en empêcher», confie un autre membre du COL, amer, avant d’ajouter dans un souffle: «Mais c’est un échec pour nous.»

 

Un palmarès hors norme

 

Ray Bassil, 36 ans, n’est pas une athlète comme les autres. Depuis ses débuts en fosse olympique aux côtés de son père, elle a enchaîné les podiums: multiples titres asiatiques, médailles mondiales, quatre participations aux Jeux olympiques (Londres 2012, Rio 2016, Tokyo 2021 et Paris 2024). En mai dernier encore, elle décrochait l’or à Bakou lors des championnats ISSF, confirmant son statut de référence mondiale.

 

Elle incarnait plus qu’une championne: un étendard pour un pays en crise, un souffle d’espoir pour tout un peuple en manque de victoires. Aujourd’hui, ce même drapeau qu’elle portait haut, elle le replie pour en embrasser un autre.

 

Le Qatar, nouvel horizon pour viser Los Angeles 2028

 

Ce choix choc met en lumière les défaillances du système sportif libanais. Faute d’infrastructures dignes, d’accompagnement financier sérieux et de planification, le Liban n’a pas su retenir sa championne la plus titrée. À 36 ans, Ray Bassil ne voulait plus se battre contre les carences d’un État absent.

 

Un proche du dossier résume: «Elle n’a jamais demandé la lune. Elle voulait juste des conditions d’entraînement correctes, un vrai soutien pour préparer les grandes compétitions. Ce qu’elle n’a jamais eu.» Doha lui offre un projet clair, des moyens modernes et une préparation optimale en vue de Los Angeles 2028.

 

Pierre Jalkh, président du COL et de la Fédération libanaise de tir, confirme que tout est en règle: «Tout a été validé avec les instances concernées, y compris le CIO. Il n’y a aucun litige.» Une cérémonie d’hommage est prévue le 5 août à Beyrouth, mais elle aura un goût amer: celui d’un départ que personne n’a su éviter.

 

 

 

Une défaite au-delà du pas de tir

 

La dernière médaille olympique du Liban date de 1980. Ray Bassil avait le potentiel pour briser cette interminable disette. Elle le fera peut-être… mais sous un autre drapeau. Ray Bassil tire désormais sous un autre drapeau, et c’est tout le sport libanais qui encaisse le coup.

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