Recettes douanières: la performance inattendue du Liban en 2025
Recettes douanières: le Liban crée la surprise en 2025! ©Agence nationale d'information

C’est une surprise aussi bienvenue qu’inattendue: en 2025, les caisses de l’État libanais ont vu affluer des recettes douanières en forte hausse – et cela, sans même un relèvement des taux de droits de douane.

Selon la Banque mondiale (rapport Lebanese Monitor – Turning the Tide, printemps 2025), les recettes publiques ont atteint 4 milliards de dollars en 2024, dont 3 milliards issus des impôts. La Banque du Liban (BDL), de son côté, évalue les recettes douanières à 548 millions de dollars, soit 18% des revenus fiscaux. Pourtant, avec 16,9 milliards de dollars de biens importés, le taux implicite moyen de taxation douanière ne s’élevait qu’à 3,3% – un niveau particulièrement bas.

2023: une année de transition

Avant d’analyser les performances de 2025, un détour par 2023 s’impose. Cette année-là, le ministère des Finances a procédé à plusieurs ajustements du taux de change utilisé pour le calcul des droits de douane, le faisant passer de 15.000 à 45.000 livres libanaises par dollar au premier trimestre, puis à 86.000 en mai 2023 (taux Sayrafa), avant de le fixer à 89.500 en décembre.

Résultat: bien que les recettes douanières aient atteint 37.800 milliards de livres, leur comparaison avec les années suivantes est biaisée par la coexistence de trois taux de change différents. En revanche, en 2024 et 2025, un taux unique de 89.500 est appliqué, ce qui permet enfin une lecture plus claire.

2025: un bond spectaculaire des recettes

Et les chiffres de 2025 ont de quoi surprendre. Sur les seuls quatre premiers mois de l’année, les recettes douanières se sont élevées à 457 millions de dollars, ce qui laisse entrevoir un total annuel d’environ 1,4 milliard de dollars. Un chiffre en hausse de près de 165% par rapport à 2024, alors que les importations n’auraient progressé que de 12%, passant à 18,9 milliards de dollars.

Le taux moyen des droits de douane implicites grimperait ainsi de 3,3% à 7,3%. Une performance d’autant plus remarquable que les tarifs douaniers n’ont pas changé.

Dans son bulletin, BlomInvest s'interroge sur les raisons qui expliquent une telle hausse: assiste-t-on à une diminution de la corruption ou à une amélioration de l’efficacité du contrôle douanier? Face à cette envolée, trois hypothèses s’imposent:

  1. Une augmentation des droits de douane? Rejetée: les taux sont restés inchangés.

  2. Une erreur statistique? Peu probable, les recettes douanières sont en général sous-déclarées plutôt que surestimées.

  3. Une amélioration réelle du recouvrement, avec moins de corruption et de contrebande? C’est l’explication la plus crédible.

Ce retournement positif laisse entrevoir une meilleure gouvernance des ports et des postes douaniers, sans doute impulsée par les réformes engagées par le nouveau gouvernement en place depuis le début de l’année, peut-on lire dans le bulletin.

 

Commentaires
  • Aucun commentaire