Dernier hommage national, dans l'émotion, à Ziad Rahbani
©JOSEPH EID / AFP

Le Liban a fait ses adieux, lundi, à l’un de ses plus grands artistes, Ziad Rahbani, lors de funérailles nationales et populaires, chargées d’émotion, en l’église de la Dormition de la Vierge à Mhaïdsé-Bickfaya.

Les fans de Ziad sont venus nombreux pour rendre un dernier hommage à leur dramaturge, auteur, compositeur et chanteur préféré.

Une foule d’officiels était également présente autour de sa mère, Fairouz, sa sœur, Rima, et la famille des Rahbani.

Le président Joseph Aoun était représenté par le Premier ministre, Nawaf Salam, qui a décerné à titre posthume au défunt, au nom du chef de l’État, les insignes de l’ordre national du Cèdre, grade de Commandeur, une des plus hautes distinctions de l’État libanais.

Le vice-président du Parlement, Élias Bou Saab, représentait le président de la Chambre, Nabih Berry.

Étaient également présents, la première dame, Nehmat Aoun, les anciens présidents Amine Gemayel et Michel Sleiman, les ministres de la Culture, Ghassan Salamé et de l’Information, Paul Morcos, plusieurs parlementaires, ainsi que de nombreuses figures de la scène culturelle libanaise.

L’office funèbre a été présidé par Mgr Selouane Moussa, archevêque grec-orthodoxe du Mont-Liban, entouré de nombreux prêtres.

Dans son homélie, Mgr Moussa a salué la mémoire de Ziad Rahbani, «créateur engagé, profondément habité par la douleur de son peuple». «Ziad a vu les souffrances des gens. Il les a portées comme une croix, et les a transformées, à sa manière, en résistance et en lumière. Il a combattu avec ses mots et ses musiques, au service de la vérité telle qu’il la percevait», a-t-il affirmé, en soulignant que «ce mal qui le rongeait de l’intérieur était devenu chez lui source de création, de lumière, d’éveil».

S’adressant ensuite à la légendaire Fairouz, Mgr Moussa a souligné que «la famille des Rahbani est devenue celle de tout un pays», en allusion à la consternation manifestée par les Libanais pour la disparition de Ziad Rahbani. «Nous sommes, grâce à vous, une grande famille nommée Liban», a-t-il encore dit.

«Bel nesbé la boukra chou?»

Au moment de décerner les insignes de l’ordre du Cèdre à Ziad Rahbani, au terme de la messe, Nawaf Salam a fait part de son émotion. «Les mots me manquent. J’ai le cœur serré devant une mère endeuillée, une famille, des amis et un pays tout entier rassemblé dans le deuil», a-t-il déclaré, avant d’ajouter: «Ziad, le génie rebelle, tu as porté haut la voix de notre génération, avec courage, dans la vérité. Tu as avancé ce que beaucoup n’osaient pas dire. Bel nesbé la bokra chou? (Qu’en est-il de demain?)»

Pour Nawaf Salam, Ziad Rahbani restera «pour les générations futures, la voix de la beauté, de la révolte et de la vérité».

La famille a reçu les condoléances dans le salon de l’église, avant l’inhumation dans le caveau familial, aux côtés de Layal, sœur de Ziad, et de Assi, son père.

Les adieux à Ziad ont commencé tôt le matin.

Une foule nombreuse s’était massée dès l’aube devant l’hôpital Khoury, où il est décédé, à Beyrouth, pour un dernier adieu à celui qui a marqué à jamais la musique libanaise et les créations des Rahbani et de Fairouz.

Le cortège funèbre est sorti de l’hôpital sous un tonnerre d’applaudissements, de youyous et un jet de fleurs. Il a quitté à 8h le quartier de Hamra, lieu cher à Ziad Rahbani et source d’inspiration majeure pour son œuvre.

Le cortège a ensuite emprunté la rue principale de Hamra. Un grand nombre de citoyens l’attendaient sur les trottoirs, lançant des fleurs au passage du cercueil, tandis que les chansons de Fairouz résonnaient.

La procession a traversé les quartiers de Sanayeh, Spears, Bourj el-Murr et Achrafieh, avant de prendre la route de Bickfaya.

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