
Un haut responsable gouvernemental américain et ancien avocat de Donald Trump s'est entretenu vendredi pour la seconde journée consécutive avec Ghislaine Maxwell, complice de Jeffrey Epstein, qui purge une peine de prison, démarche inhabituelle révélatrice de l'embarras de l'exécutif dans cette affaire.
Le président Donald Trump a de son côté de nouveau pris ses distances avec le défunt homme d'affaires, dont il était pourtant très proche il y a plus d'une vingtaine d'années, citant plusieurs personnalités, comme l'ex-président démocrate Bill Clinton, bien plus liées à Jeffrey Epstein que lui, a-t-il assuré.
Interrogé par des journalistes à son départ de Washington pour un voyage en Ecosse sur la possibilité d'accorder une grâce présidentielle ou une commutation de peine à Ghislaine Maxwell, ex-compagne et collaboratrice de Jeffrey Epstein, condamnée à 20 ans de prison pour trafic sexuel, Donald Trump a affirmé "ne pas y avoir pensé".
"Ce n'est pas le moment de parler de grâce", a-t-il ensuite précisé sur place.
La mort de Jeffrey Epstein, riche homme d'affaires retrouvé pendu dans sa cellule à New York le 10 août 2019 avant son jugement pour crimes sexuels, a alimenté d'innombrables théories du complot selon lesquelles il aurait été assassiné pour empêcher des révélations embarrassantes sur des personnalités de premier plan.
Donald Trump, qui pendant des mois a promis à sa base des révélations fracassantes sur ce dossier, subit un retour de flamme, y compris dans son propre camp, depuis que son gouvernement a annoncé début juillet n'avoir découvert aucun élément nouveau qui justifierait la publication de documents supplémentaires.
Le ministère de la Justice et le FBI, la police fédérale, ont conclu qu'il n'existait aucune preuve de l'existence d'une liste secrète de "clients" de Jeffrey Epstein et confirmé son suicide.
Le président américain a répété vendredi n'avoir "jamais été informé" que son nom apparaissait dans ces documents.
Sa ministre de la Justice, Pam Bondi, l'en avait pourtant avisé en mai, soulignant que la présence de son nom, avec celui d'autres personnalités connues appartenant au cercle de Jeffrey Epstein, n'impliquait pas pour autant des agissements "répréhensibles", ont rapporté cette semaine plusieurs médias américains.
C'est dans ce contexte que Todd Blanche, numéro 2 du ministère de la Justice et ancien avocat personnel de Donald Trump dans plusieurs procédures pénales, a rencontré vendredi pour une seconde journée Ghislaine Maxwell au tribunal de Tallahassee, capitale de la Floride, où elle purge sa peine.
"Nous avons terminé, Ghislaine a répondu à toutes les questions qui lui ont été posées lors de cette journée et demie", a déclaré son avocat, David Markus, répétant qu'elle avait répondu "honnêtement et autant qu'elle le pouvait".
"Nous n'avons rien demandé", a affirmé l'avocat, précisant par ailleurs qu'"aucune mesure de clémence ne lui avait été proposée" en échange de son témoignage.
Cette entrevue hautement inhabituelle entre le numéro 2 du ministère de la Justice et une personne condamnée dans un dossier clos suscitait de nombreuses questions parmi les experts juridiques et les détracteurs de l'administration Trump. Ils reprochent notamment à Todd Blanche de continuer à se comporter comme l'avocat de Donald Trump au service des seuls intérêts de ce dernier.
"Elle a été traitée injustement ces cinq dernières années", a dit Me Markus, indiquant qu'il produirait lundi un nouveau mémoire écrit à l'appui du recours de sa cliente devant la Cour suprême pour obtenir l'annulation des poursuites qui ont amené à sa condamnation.
Ghislaine Maxwell a été condamnée en 2022 pour avoir recruté entre 1994 et 2004 des jeunes filles mineures afin qu'Epstein les exploite sexuellement.
Le 14 juillet, le ministère de la Justice s'était opposé à ce recours.
Mais il a sensiblement changé de ton à l'égard de Ghislaine Maxwell depuis.
Entre-temps, le Wall Street Journal a fait état d'une lettre salace attribuée à Donald Trump à l'intention de Jeffrey Epstein en 2003 pour le 50e anniversaire de ce dernier. Le président américain dément catégoriquement et poursuit le quotidien en diffamation, lui réclamant des milliards de dollars.
Avec AFP
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