Malaise palpable pendant une rencontre de Trump avec le patron de la Fed
Lors d’une visite sur un chantier de la Réserve fédérale à Washington, Donald Trump a vivement contesté le coût des travaux et renouvelé ses critiques contre Jerome Powell, l’exhortant à baisser les taux avant la réunion décisive de la Fed prévue fin juillet. ©ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP

Donald Trump, venu inspecter jeudi la Fed, a eu un échange tendu avec le patron de l’institution, Jerome Powell, à qui il a demandé à nouveau de baisser les taux, mais sans l’invectiver en face-à-face comme il l’a fait par réseaux sociaux et caméras interposés ces dernières semaines, de manière répétée.

Le républicain de 79 ans est venu observer un grand chantier de rénovation de l’imposant bâtiment à Washington.

Le banquier central a contesté, en secouant vigoureusement la tête, un chiffre de 3.1 milliards de dollars avancé par le président américain sur le coût des travaux, au lieu de 2.7 milliards au départ.

«Pas au courant» 

«Je ne suis pas au courant», a-t-il dit. Chaussant ses lunettes et examinant un papier que lui tendait Donald Trump devant les journalistes, Jerome Powell a souligné que le républicain avait ajouté dans son estimation un «troisième bâtiment».

«C’est un bâtiment qui est en cours de construction», a lancé le président, coiffé comme son hôte d’un casque de chantier.

«Non, il a été construit il y a cinq ans», a rétorqué le patron de la Fed.

«J’aimerais qu’il baisse les taux d’intérêt», a encore dit le président américain à ses côtés.

Un peu plus tard, pendant un rapide point presse, Donald Trump s’est dit convaincu que Jerome Powell «ferait ce qu’il faut», alors que la prochaine réunion des responsables de la Réserve fédérale américaine (Fed) sur les taux est prévue les 29 et 30 juillet.

Le dirigeant républicain a nié toute «tension» pendant la rencontre et assuré qu’il n’avait pas fait «pression» pour une démission.

Donald Trump avait récemment estimé que le chantier de rénovation pouvait avoir donné lieu à une «fraude», alimentant les spéculations sur un renvoi du patron de la Réserve fédérale.

Le président républicain l’avait nommé pendant son premier mandat (2017-2021), puis Jerome Powell avait été reconduit par le démocrate Joe Biden.

Mais il assure regretter amèrement ce choix et accable régulièrement le banquier central de critiques virulentes.

«Nigaud» 

«Il aurait dû baisser les taux d’intérêt plusieurs fois», avait par exemple déploré mardi Donald Trump, en ajoutant: «Les gens n’arrivent pas à acheter de maison parce que ce gars est un nigaud. Il maintient des taux trop élevés et il le fait sans doute pour des raisons politiques.»

La banque centrale américaine, institution indépendante dont les décisions et commentaires ont un impact immense sur les marchés, a maintenu les taux d’intérêt stables cette année.

Elle repousse jusqu’ici l’idée d’une baisse dans un contexte rendu incertain par l’offensive protectionniste mondiale de Donald Trump, qui pourrait faire grimper les prix.

Les taux directeurs de la Fed — qui guident les coûts d’emprunt des particuliers et des entreprises — sont compris entre 4,25% et 4,50% depuis décembre.

La Banque centrale européenne, à laquelle Donald Trump se réfère souvent, a elle baissé progressivement son taux directeur, passé de 4% en juin 2024 à 2% aujourd’hui.

Le président américain avait reconnu récemment qu’il était très peu probable qu’il renvoie le patron de la Fed, en théorie inamovible ou presque.

Un tel licenciement serait sans précédent, et nécessiterait de prouver l’existence de fautes graves ou de malversations de la part du très pondéré banquier central de 72 ans, dont le mandat s’achève en mai 2026.

Les taux d’intérêt sont le principal outil des banques centrales pour orienter l’économie.

Baisser les taux encourage l’activité, mais peut faire monter les prix. Augmenter les taux permet de lutter contre l’inflation, mais peut freiner la croissance.

Par Aurélia END/AFP

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