Les Etats-Unis ont connu une forte croissance au troisième trimestre
Les Etats-Unis ont enregistré une croissance annualisée de 4,3% au troisième trimestre, bien au-delà des attentes, selon des données publiées avec retard après la paralysie budgétaire. Tirée par une forte accélération de la consommation, cette performance réduit les espoirs des marchés d’une baisse rapide des taux par la Réserve fédérale, tandis que des économistes alertent sur un socle de croissance jugé étroit et fragile. ©Ici Beyrouth

Les Etats-Unis ont carburé au troisième trimestre, avec une croissance en accélération à 4,3% en rythme annualisé, selon la publication mardi d’un rapport retardé par la longue paralysie budgétaire.

Les analystes s’attendaient au contraire à un ralentissement de l’activité, avec une progression du produit intérieur brut (PIB) autour de 3,2%, contre 3,8% le trimestre précédent, selon les consensus publiés par MarketWatch et Trading Economics.

Le service statistique du ministère américain du Commerce (BEA) met en avant le rythme annualisé, qui projette sur l’ensemble de l’année l’évolution observée pendant le trimestre.

Par rapport au deuxième trimestre, cela représente une hausse de 1,1%, tirée en particulier par une «accélération de la consommation».

Les investissements ont légèrement reculé sur la période.

Ces données – une estimation préliminaire – sont publiées avec près de deux mois de retard en raison du «shutdown» (du 1er octobre au 12 novembre) qui a suspendu le travail des agences statistiques.

La publication, très bonne de prime abord, a refroidi les marchés financiers américains, qui devraient ouvrir la séance dans le rouge.

Pour Wall Street, «avec un PIB aussi fort, la Fed (Réserve fédérale, banque centrale des Etats-Unis) a une nouvelle raison de préférer le statu quo lors de sa prochaine réunion», explique à l’AFP Sam Stovall, analyste du cabinet CFRA.

Or les marchés financiers espéraient encore une baisse des taux d’intérêt de la Fed le 28 janvier, pour doper davantage la croissance et les bénéfices.

Jusqu’ici, le PIB a évolué en dents de scie.

Une contraction surprise (-0,6%) avait été mesurée en début d’année, en raison d’une ruée sur les importations pour prendre de vitesse les droits de douane que le président Donald Trump était en train de mettre en place.

Le deuxième trimestre avait surpris dans l’autre sens. Un reflux des importations et une consommation soutenue avaient donné un coup de fouet à l’économie.

Pieds d’argile ? 

Au-delà de ces à-coups trimestriels, les responsables de la Fed s’attendaient récemment à ce que les Etats-Unis terminent 2025 avec une croissance de 1,7% par rapport à la même période en 2024.

Le PIB était en progression de 2,8% sur un an fin 2024, soit avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

L’exécutif américain soutient que sa politique, qu’il qualifie de «procroissance» (droits de douane, baisses d’impôts, dérégulation), est en train de porter ses fruits.

Face à des sondages qui montrent un dépit grandissant des électeurs, échaudés par le coût de la vie, le gouvernement met notamment en avant les crédits d’impôts supplémentaires qu’ils devraient recevoir l’an prochain.

Pantheon Macroeconomics estime que ces crédits d’impôts auront un «impact modéré» sur la croissance en 2026, le «niveau relativement bas de la confiance des consommateurs tendant à faire penser que de nombreux ménages vont en épargner une grande part».

Des économistes considèrent par ailleurs que la croissance est peu équilibrée, car surtout tirée par les investissements dans l’intelligence artificielle (IA) et la construction de centres de données, alors que des secteurs plus traditionnels patinent.

«Le socle de la croissance est étroit», estimait récemment Paul Gruenwald, économiste de S&P.

«Grande question pour l’année prochaine», ajoutait-il, «ce socle étroit tiendra-t-il? On considère généralement que plus une fondation est fine, plus elle peut s’effriter».

Par Myriam LEMETAYER/AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire