Frappes sur Gaza, Israël étend ses opérations
Les frappes israéliennes s’intensifient à Gaza. L’ONU estime que 88% du territoire est désormais zone d’évacuation ou militarisée ©Jack Guez / AFP

Des frappes israéliennes meurtrières ont visé mardi la bande de Gaza, où Israël étend ses opérations militaires contre le Hamas malgré les appels internationaux à mettre fin à la guerre et aux souffrances de la population.

L'Organisation mondiale de la santé a dénoncé lundi des attaques israéliennes contre plusieurs de ses locaux dans le centre de Gaza, où Israël a annoncé étendre ses opérations autour de Deir el-Balah, y compris dans une zone où elle n'était jamais allée en plus de 21 mois de guerre.

Après un appel lancé lundi par 25 pays à la fin «immédiate» de la guerre, la France a réclamé mardi que la presse internationale «puisse accéder à Gaza pour montrer» ce qu'il se passe dans le territoire assiégé, où plus de deux millions de Palestiniens sont en danger de famine.

Mardi, la Défense civile a annoncé que des frappes israéliennes avaient fait 15 morts, dont 13 dans le camp d'Al-Shati, dans le nord de Gaza, qui abrite des milliers de déplacés.

Raed Bakr, père de trois enfants âgé de 30 ans, a décrit «une explosion massive» qui a soufflé leur tente pendant la nuit.

«J'ai cru être dans un cauchemar. Du feu, de la poussière, de la fumée et des morceaux de corps projetés en l'air, des débris partout. Les enfants criaient», a témoigné à l'AFP Bakr, dont la femme a été tuée l'année dernière.

Faute de pouvoir utiliser leur voiture à cause des pénuries de carburant, des habitants transportaient les blessés à pied. «Il n'y avait pas de voiture ni même de charrettes à ânes», a ajouté Bakr.

«Nuit de terreur» 

Muhannad Thabet, 33 ans, a décrit «une nuit de terreur» dans ce camp, «des frappes aériennes et des explosions ininterrompues».

Il raconte avoir transporté un enfant de six ans à l'hôpital voisin de Chifa, débordé par le nombre de blessés.

Lundi, après un appel israélien à évacuer le secteur de Deir el-Balah, un peu plus au sud, des familles entières s'étaient mises en route, transportant leurs affaires à bout de bras ou sur des charrettes tirées par des ânes.

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), entre 50.000 et 80.000 personnes se trouvaient alors dans la zone et près de 88% du territoire de Gaza est désormais soumis à un ordre d'évacuation israélien ou inclus dans une zone militarisée israélienne.

La situation humanitaire à Gaza est «moralement inacceptable», a affirmé mardi le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa.

Lundi soir, le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a annoncé que des soldats israéliens étaient entrés dans la résidence du personnel de cette agence de l'ONU dans le secteur de Deir el-Balah.

Ces militaires ont forcé «des femmes et des enfants à évacuer les lieux à pied», tandis que «le personnel masculin et des membres de leur famille ont été menottés, déshabillés, interrogés sur place et contrôlés sous la menace d'une arme», a déclaré M. Tedros, qui a également dénoncé l'attaque du principal entrepôt de l'OMS à Deir el-Balah.

«La souffrance des civils à Gaza a atteint de nouveaux sommets», ont estimé lundi 25 pays, parmi lesquels la France, le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie, en dénonçant le refus israélien «de fournir une aide humanitaire essentielle à la population».

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a condamné cet appel, soulignant que le soutien du Hamas à ce communiqué prouvait que les signataires faisaient «fausse route».

«Situation effroyable» 

Réclamant l'accès pour la presse étrangère au territoire, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a dit mardi avoir «l'espoir de pouvoir faire sortir quelques collaborateurs de journalistes dans les prochaines semaines».

Il était interrogé sur la radio publique France Inter sur le cas de plusieurs collaborateurs de l'Agence France-Presse sur place qui se trouvent dans «une situation effroyable», selon la direction de l'agence.

L'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) s'est alarmée lundi d'une malnutrition grandissante dans le territoire. «Levez le siège et laissez l'aide humanitaire entrer», a-t-elle imploré.

avec AFP

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