Liban: pourquoi les billets d’avion sont-ils si chers?
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La guerre finie, les avions ont repris le ballet au-dessus de Beyrouth, les valises tournent sur les tapis roulants, et pourtant… les prix des billets d’avion pour le Liban continuent, eux, de flirter avec les sommets. De quoi faire transpirer plus d’un expatrié au moment de cliquer sur payer. Mais alors, pourquoi ces tarifs restent-ils aussi stratosphériques, même en période (relativement) calme?

Depuis le retour relatif du calme au Liban, on aurait pu s’attendre à une baisse des prix des billets d’avion. Erreur. Entre taxes, primes de risque, envolée des coûts et une offre de vols limitée, sans parler de l'absence totale de compagnies low cost, les voyageurs continuent de payer cher le droit de venir à Beyrouth. «La demande, elle, ne faiblit pas, portée par des expatriés prêts à casser leur tirelire pour voir la famille», explique un propriétaire d’agence de voyage. Résultat: un cocktail tarifaire qui fait grincer des dents.

Prenons les faits. Un aller-retour Paris-Beyrouth ou Dubaï-Beyrouth peut facilement dépasser les 800 à 1.200 dollars en haute saison, alors qu’un Paris-Larnaca flirte avec les 500 euros. Non, vous ne rêvez pas, c’est bien plus cher que de traverser l’Atlantique. La faute à qui? Petit tour de piste.

Carburant, assurances, taxes: le tiercé gagnant

Selon des sources proches de la compagnie nationale, Middle East Airlines (MEA), le carburant est en première ligne. En effet, en période d’instabilité, les compagnies prévoient plus large, donc plus cher. De plus, même si les bombes se sont tues, les primes de risques pour le survol du Liban n’ont, elles, pas tout à fait dégonflé. Voyager vers un pays listé comme «sensible» reste une prise de risque pour les compagnies aériennes, qui répercutent sur le billet le prix de leurs angoisses.

Et puis, les taxes d’aéroport, généreusement imposées à l’aéroport, ne sont pas données. Comme quoi, même au sol, on peut continuer à faire grimper les prix.

Pourtant, il faut le dire: le trafic aérien a repris de plus belle à Beyrouth. On compte actuellement plus de 100 vols par jour et entre 12.000 à 15.000 passagers quotidiens, selon les chiffres récents de l’AIB. Les expatriés reviennent, le cœur serré et le portefeuille allégé, retrouver famille, taboulé, mer et montagnes.

Ce sont les Libanais de l’étranger qui remplissent les avions, pas les touristes. Ces derniers boudent une destination jugée trop chère, trop instable, ou les deux. Résultat: les Libanais de la diaspora se serrent la ceinture pour payer leurs billets, tandis que les touristes préfèrent les plages moins chères de la Turquie, du Maghreb ou les îles grecques.

Les touristes font des calculs: entre un vol coûteux, des hôtels chers et l’incertitude sécuritaire, le Liban n’arrive pas à concurrencer des destinations au rapport qualité-prix plus attractif.

Le ministère du Tourisme tente bien quelques campagnes. Mais pour l’instant, seules les cartes bancaires des Libanais de l’étranger semblent répondre vraiment à l’appel.

Entre taxes, assurances, pétrole et réalités géopolitiques, les billets pour Beyrouth restent suspendus à des tarifs peu abordables. Et tant que l’image du pays ne se stabilise pas durablement, les prix, eux, ne redescendront pas de sitôt.

Alors, chers expatriés, prenez une grande respiration (gratuite celle-là) et accrochez vos ceintures: votre attachement au pays du Cèdre n’a pas de prix. Sauf celui de votre billet d’avion.

 

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