Joaquin Phoenix, shérif en crise dans Eddington d’Ari Aster
(G-D) Micheal Ward, Lars Knudsen, Deirdre O'Connell, Emma Stone, Ari Aster, Joaquin Phoenix, Clifton Collins Jr., Luke Grimes, William Belleau et Cameron Mann assistent à l'avant-première à Los Angeles d’Eddington, produit par A24, au DGA Theater Complex, le 26 juin 2025 à Los Angeles, Californie. ©Monica Schipper / AFP

Avec Eddington, Ari Aster signe un néo-western grinçant sur une Amérique divisée et déboussolée. Joaquin Phoenix y incarne un shérif perdu au cœur d’un pays fracturé par la pandémie, la désinformation et la guerre culturelle.

Joaquin Phoenix peine à mettre de l'ordre dans une Amérique au bord de la rupture dans Eddington, néo-western au casting de luxe, qui se veut un miroir satirique des États-Unis d'aujourd'hui.
En salles mercredi en France et vendredi aux États-Unis, le film est l’œuvre de l'un des chouchous du cinéma indépendant américain, Ari Aster, connu pour ses films de genre, de Hérédité à Midsommar.
Après Beau is Afraid, il retrouve Joaquin Phoenix (Joker) et en fait le shérif d’Eddington, une bourgade du Nouveau-Mexique au bord de l’ébullition, en pleine pandémie de Covid.
Face à ce shérif conservateur rétif au port du masque au nom de la liberté et du bon sens, Pedro Pascal (The Last of Us, Les Quatre Fantastiques) joue un maire tentant de faire appliquer les normes sanitaires. Ce progressiste rêve de développer la ville en y attirant un centre de données.
Avant le tournage, Ari Aster, qui a grandi au Nouveau-Mexique, a embarqué Joaquin Phoenix dans une tournée de cet État du Sud.
«On a rencontré quelques shérifs», a raconté l'acteur à Cannes, d'où le film est reparti bredouille. L’un d’entre eux les a particulièrement inspirés : «il y avait quelque chose (d'intéressant) dans sa nature, quelqu’un de conservateur politiquement mais qui avait un sens moral très affirmé. Quelqu’un de bien, avec lequel on se sent en sécurité».
Mais, dans le film, lorsque le shérif décide de briguer le fauteuil du maire, la guerre est déclarée.
Théories du complot, violence, désinformation, isolement, racisme dans la foulée de la mort de George Floyd, Afro-Américain tué par un policier: au début du Covid, «c’est le moment où la fièvre a été la plus forte. C’est là que j’ai commencé à écrire», a expliqué Ari Aster à l’AFP lors d’une rencontre avec des journalistes.

«Réel ou non»

«Ce film parle de ce qui se passe quand les gens ne sont plus d’accord sur ce qui est réel ou non. C’est quelque chose qui commence à tous nous atteindre partout mais plus particulièrement aux États-Unis dont je peux parler parce que j’y vis.»
«Le dernier lien avec l’ancien système s’est rompu pendant le Covid (...) Ça a été le début de quelque chose d’énorme.»
Ce quatrième film a été imaginé avant le retour de Donald Trump au pouvoir. Ari Aster espérait le terminer pour une sortie pendant la période électorale, mais les mois de grève qui ont paralysé Hollywood en 2023 l’ont fait réviser ses plans.
Le résultat est un tableau de 2h27, roboratif, satirique et ultraviolent, d’une Amérique au bord de la rupture. Un western où les téléphones portables et les réseaux sociaux ont remplacé les colts.
Ari Aster n’a guère l’habitude de sauver ses personnages et, dans Eddington, tout le monde en prend pour son grade: adeptes des théories du complot et suprémacistes blancs, mais aussi militants antiracistes du mouvement Black Lives Matter et progressistes, eux aussi tournés en ridicule.
Pour interpréter cette galerie de personnages, aux côtés de Joaquin Phoenix et Pedro Pascal, le réalisateur a fait appel à des stars. Parmi elles, Emma Stone joue l’épouse du shérif, une ancienne victime de violences sexuelles tombée sous le charme d’un gourou conspirationniste, joué par Austin Butler (Elvis).

Par François BECKER / AFP

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