
Le dirigeant militaire kurde syrien, Mazloum Abdi, rencontre mercredi à Damas le président syrien, en présence d’un émissaire américain, alors que piétine l’intégration des institutions de l’administration autonome kurde dans l’État syrien, a indiqué un responsable kurde à l’AFP.
Un accord en ce sens avait été signé le 10 mars par M. Abdi et le président Ahmad al-Chareh, sous le parrainage des États-Unis.
Mais sa mise en œuvre piétine du fait de divergences entre les deux parties, les Kurdes, qui contrôlent de vastes territoires du nord et nord-est de la Syrie, y compris des champs pétroliers gaziers, réclamant notamment un système de gouvernance décentralisé, ce que rejettent les autorités islamistes à Damas.
«Une réunion a lieu entre une délégation dirigée par le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi, et le président syrien par intérim Ahmad al-Chareh», a déclaré à l’AFP le responsable kurde syrien, qui a requis l’anonymat.
Il a ajouté que Tom Barrack, ambassadeur des États-Unis en Turquie et émissaire pour la Syrie, assistait à l’entretien.
Selon lui, la réunion doit notamment évoquer «la relation entre l’administration autonome et le gouvernement de Damas, ainsi que les dossiers de l’économie et de la force militaire».
Les FDS, une puissante force dominée par les Kurdes, sont soutenues par Washington et ont joué un rôle clé dans la lutte contre le groupe jihadiste État islamique, défait en 2019 en Syrie.
Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir en décembre 2024 à la tête d’une coalition islamiste après avoir renversé le pouvoir de Bachar al-Assad, réclame la dissolution de tous les groupes militaires en Syrie.
Mais les Kurdes syriens insistent pour maintenir leurs forces militaires, qui comptent des dizaines de milliers d’hommes et de femmes.
Dans une interview en mai dernier, Mazloum Abdi avait insisté sur l’importance d’«une Syrie décentralisée», considérant que «ceux qui détiennent le pouvoir actuellement veulent une Syrie centralisée et ne sont pas prêts à ce que toutes les composantes syriennes vivent ensemble».
Le 12 mai, le ministre syrien des Affaires étrangères Assaad al-Chaibani avait pour sa part déclaré que toute «tergiversation» dans l’exécution de l’accord avec les Kurdes risquait de «prolonger le chaos» dans le pays, après 14 ans de guerre civile.
La préservation de l’unité de la Syrie et le rétablissement de la sécurité restent un défi majeur pour les nouvelles autorités.
Par AFP
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