Le Liban relance les PPP pour sauver ses aéroports et ports
©Ici Beyrouth

Face à un budget public exsangue, le gouvernement de Nawaf Salam joue la carte du partenariat public-privé (PPP) pour relancer la modernisation des infrastructures aéroportuaires et portuaires du pays. La liste est longue. Elle englobe entre autres l’Aéroport international de Beyrouth, celui de Kleïate, ainsi que les ports de Beyrouth, Tripoli et Saïda.

Mais ce recours au privé ne fait pas l’unanimité. Certains partis dénoncent une «braderie» des actifs de l’État, tandis que d’autres y voient un levier indispensable face à l’incapacité chronique de l’administration publique à gérer efficacement les grands projets.

Une réforme en chantier

Réuni fin mai, le Conseil des ministres a adopté des amendements à la loi nᵒ 48/2017, qui encadre les partenariats public-privé (PPP). Le texte actualisé a été transmis au Parlement pour approbation. Cette révision intervient après la soumission, le 12 mai dernier, par le ministre des Travaux publics et des Transports, Fayez Rasamni, «d’un projet de loi autorisant le gouvernement, par l’intermédiaire du ministère des Travaux publics et des Transports, à concevoir, construire, réhabiliter et développer les aéroports, les ports maritimes et, plus généralement, l’ensemble des infrastructures de transport aérien et maritime, quels que soient leur type, leur nature ou leur champ d’activité, dans le cadre de contrats de type BOT (construction, exploitation, transfert de propriété) ou DBOT (conception, construction, exploitation, transfert de propriété)».

Le Premier ministre, Nawaf Salam, a, de son côté, exprimé sa volonté de voir tous les projets de PPP passer par le Conseil supérieur de la privatisation, garant d’un processus encadré et transparent.

Le PPP, une solution entre espoir et vigilance

Le PPP est un cadre contractuel par lequel l’État ou une collectivité locale confie à un investisseur la réalisation et parfois la gestion d’un projet d’intérêt public. Ce mécanisme permet au secteur public de lancer rapidement des projets coûteux sans mobiliser immédiatement l’intégralité des fonds. Autrement dit, l’objectif d’un tel accord est de partager les risques, les responsabilités et les ressources entre public et privé. Cependant, si les PPP permettent d’accélérer les investissements, ils peuvent coûter plus cher sur le long terme et soulever des questions de transparence et de contrôle public.

Le BOT et le DBOT sont-ils des PPP?

Les contrats de PPP se déclinent en plusieurs modèles, notamment ceux connus sous le nom de Build, Operate and Transfer (BOT) et Design, Build, Operate and Transfer (DBOT).

Dans le cas du BOT, le secteur privé finance, construit, exploite pendant une période donnée (20-30 ans), puis transfère l’ouvrage à l’État sans frais ou à faible coût. Pendant la période d’exploitation, le privé récupère son investissement via les revenus générés. C’est donc un type de PPP basé sur la concession.

Dans le cas du DBOT, il est question d’une variante du BOT où l’entreprise privée est également responsable de la conception technique (design), en plus de la construction, de l’exploitation et du transfert. Dans les deux cas, l’ouvrage sera rendu à la fin de la durée du contrat à son propriétaire, l'État.

Un Conseil de la privatisation à relancer

L’ancien président du Conseil supérieur de la privatisation (CSP), Ziyad Hayek, plaide pour une relance active de cette institution, chargée de superviser les PPP. Il insiste sur deux conditions indispensables à la réussite de ces partenariats:

  1. Le retour de la confiance des investisseurs dans l’avenir économique et politique du Liban.

  2. La remise en marche du secteur bancaire, crucial pour le financement des projets, souvent structuré autour d’un apport privé de 20 à 30%, complété par des emprunts.

Un choix stratégique, mais risqué

Si les PPP offrent une alternative rapide à l’inaction publique, ils comportent aussi des risques de surcoûts, de dépendance au privé, voire de manque de transparence. Pour le Liban, le pari est lancé.

Commentaires
  • Aucun commentaire