Les États-Unis qualifient d'«inacceptable» l'arrêt de la coopération de l'Iran avec l'AIEA
Reza Najafi, ambassadeur de l’Iran auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), s’adresse aux journalistes peu après une réunion extraordinaire du Conseil des gouverneurs de l’AIEA au siège de l’agence à Vienne, en Autriche, le 23 juin 2025. ©Joe Klamar / AFP

   

Les États-Unis ont qualifié d'«inacceptable» mercredi la décision de l'Iran de suspendre sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) après sa récente guerre avec Israël.

«Nous utiliserons le mot inacceptable, que l'Iran ait choisi de suspendre sa coopération avec l'AIEA à un moment où il a la possibilité de faire marche arrière et de choisir la voie de la paix et de la prospérité», a déclaré à la presse la porte-parole du département d'Etat, Tammy Bruce.

Les États-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires en Iran dans la nuit du 21 au 22 juin.

Après 12 jours de bombardements réciproques entre Israël et l'Iran, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Il a averti que les États-Unis mèneraient «sans aucun doute» de nouvelles frappes en Iran si le pays enrichissait l'uranium à des niveaux lui permettant d'obtenir des armes nucléaires.

«L'Iran doit coopérer pleinement et sans plus tarder», a mercredi poursuivi la porte-parole, en ajoutant que Téhéran se devait aussi de «se conformer pleinement» au traité de non prolifération nucléaire (TNP), «notamment en fournissant à l'AIEA les informations nécessaires pour clarifier et résoudre les questions de longue date concernant les matières nucléaires non déclarées en Iran».

«L'Iran ne peut pas avoir et n'aura pas d'arme nucléaire», a-t-elle répété.

«Inquiétante»

Par ailleurs l'ONU a jugé «inquiétante» la décision de l'Iran de suspendre sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) après les bombardements israéliens et américains contre ses sites nucléaires.

Le 25 juin, au lendemain du cessez-le-feu initié par Donald Trump après 12 jours de guerre entre l'Iran et Israël, le Parlement iranien avait voté massivement un projet de loi suspendant la coopération avec cette agence de l'ONU chargée de la sûreté nucléaire, contre laquelle Téhéran a multiplié les accusations.

Le texte est entré officiellement en vigueur mercredi après avoir été promulgué par le président iranien, Massoud Pezeshkian.

«Nous avons vu la décision officielle, qui est évidemment inquiétante», a réagi le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.

Le département d'État l'a qualifiée d'«inacceptable», regrettant que «l'Iran ait choisi de suspendre sa coopération avec l'AIEA à un moment où il a la possibilité de faire marche arrière et de choisir la voie de la paix et de la prospérité».

La décision de l'Iran a provoqué la colère d'Israël, son ennemi depuis la Révolution islamique de 1979, dont le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, a appelé le monde à «utiliser tous les moyens à sa disposition pour mettre fin aux ambitions nucléaires iraniennes».

Il a appelé l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, les trois pays européens signataires avec la Chine et les États-Unis de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, à «rétablir toutes les sanctions contre l'Iran», «maintenant».

Cet accord était devenu caduc après le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 et Téhéran avait alors commencé à s'affranchir de ses obligations.

Berlin a qualifié de «signal désastreux» la décision iranienne.

Affirmant que l'Iran était près de fabriquer l'arme nucléaire, Israël avait lancé le 13 juin une attaque massive contre ce pays, frappant des centaines de sites nucléaires et militaires.

L'Iran, qui dément vouloir se doter de la bombe atomique mais défend son droit à enrichir de l'uranium à des fins civiles, a riposté avec des tirs de missiles et de drones sur Israël.

«Une obligation juridique»

Les attaques israéliennes ont fait au moins 935 morts en Iran, selon un bilan officiel. En Israël, 28 personnes ont été tuées par les tirs iraniens, selon les autorités.

La loi promulguée mercredi vise à «assurer un plein soutien aux droits» de l'Iran, et «en particulier à l'enrichissement de l'uranium» en vertu du traité de non prolifération (TNP), selon les médias iraniens.

La question de l'enrichissement est au cœur des désaccords entre l'Iran et les États-Unis, qui avaient engagé en avril des pourparlers indirects, interrompus par la guerre.

L'Iran a adhéré en 1970 au TNP, qui garantit l'usage pacifique de l'énergie atomique, mais a commencé à préparer le terrain d'un éventuel retrait durant l'offensive israélienne qui «a porté un coup irréparable» à ce pacte de non-prolifération, selon l'ambassadeur iranien à Vienne, Reza Najafi.

Le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, avait souligné le 26 juin que la coopération de l'Iran avec cette agence était «une obligation juridique», pour autant que l'Iran reste un pays signataire du TNP.

Le texte de loi ne précise pas quelles mesures concrètes pourrait entraîner la suspension de la coopération avec l'AIEA, dont les inspecteurs n'ont pas eu accès aux stocks d'uranium iraniens depuis le 10 juin.

L'ambassadeur iranien à l'ONU, Amir Saeid Iravani, avait déclaré dimanche sur la chaîne américaine CBS que des inspecteurs se trouvaient «en sécurité» en Iran mais que «leurs activités ont été suspendues».

«Quelques mois»

Des responsables iraniens avaient vivement dénoncé un «silence» de l'AIEA face aux bombardements israéliens et américains sur les sites nucléaires iraniens.

Téhéran avait aussi critiqué l'agence pour une résolution adoptée le 12 juin, à la veille des premières frappes israéliennes, accusant l'Iran de non-respect de ses obligations dans le domaine nucléaire.

L'Iran a en outre rejeté une demande de Rafael Grossi de visiter ses installations nucléaires bombardées, afin de pouvoir établir ce qu'il est advenu de son stock d'uranium enrichi à un niveau proche du seuil de conception d'une bombe atomique.

M. Grossi a estimé que l'Iran disposait des capacités techniques pour recommencer à enrichir de l'uranium d'ici «quelques mois».

Lors d'un point de presse, le porte-parole du Pentagone a confirmé que l'évaluation américaine du programme nucléaire de l'Iran demeurait inchangée, malgré les récents développements.

Le Pentagone a également indiqué que le programme nucléaire de l'Iran avait été retardé d'une à deux années.

Le 27 juin, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, avait dénoncé les «intentions malveillantes» du chef de l'AIEA.

En soutien à l'offensive israélienne, le président américain, Donald Trump, avait envoyé dans la nuit du 21 au 22 juin des bombardiers frapper le site souterrain d'enrichissement d'uranium de Fordo, au sud de Téhéran, et les installations nucléaires à Ispahan et Natanz, dans le centre de l'Iran.

L'étendue des dommages subis par ces installations reste incertaine.

AFP

 

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