
Par les temps qui courent, il vaut mieux boucler sa ceinture, pas seulement dans l’avion, mais aussi au niveau du portefeuille. Depuis l’éclatement des hostilités entre Israël et l’Iran, c’est tout le secteur aérien mondial qui traverse une zone de fortes turbulences. Couloirs aériens saturés, vols détournés, coûts d’exploitation en flèche: la guerre a pris les airs et les compagnies aériennes en paient le prix. Très fort.
Durant les frappes aériennes israéliennes lancées le 13 juin contre Téhéran, l’espace aérien au-dessus de l’Iran et de plusieurs zones stratégiques du Golfe a été évité par les compagnies d’aviation. Pendant les douze jours de la guerre, plus de 3.000 vols ont été annulés chaque jour, selon Flightradar24. Pour ceux qui sont parvenus à décoller, c’est le grand détour: cap au nord, à l’est ou au sud pour contourner la zone à risque.
Mais ces zigzags aériens ne sont pas sans conséquences: davantage de carburant brûlé, horaires chamboulés, escales imprévues pour changer d’équipage et retards en cascade. En bref, des avions qui volent plus, mais pour gagner moins.
Hubs bloqués et embouteillages dans le ciel
Autre effet domino: la mise à l’arrêt temporaire de grands hubs comme Dubaï ou Tel Aviv, véritables plaques tournantes du transport mondial. Leur paralysie a perturbé des milliers de connexions, même pour les compagnies qui n’ont rien à voir avec le conflit.
Et comme l’espace aérien ukrainien est fermé depuis plus de trois ans, les alternatives se font rares. C’est un peu comme un embouteillage à l’échelle planétaire: des avions qui attendent leur créneau comme des voitures au péage, un week-end de départ en vacances.
Chute en bourse, envolée des prix
La guerre a aussi fait des vagues sur les marchés. Les actions d’Air France-KLM, Delta ou United ont perdu près de 5% après l’annonce des frappes, selon Bloomberg. Face à l’ampleur de la crise, Israël a dû réagir: 8 milliards de dollars de garanties supplémentaires ont été accordés aux compagnies étrangères, s’ajoutant aux 6 milliards débloqués depuis octobre 2023. Mais même avec ce soutien, la hausse des tarifs passagers semble inévitable, notamment sur les longues distances. Quand la sécurité coûte cher, c’est souvent le passager qui paie la note.
Et le Liban dans tout ça?
Du côté de Beyrouth, le PDG de la Middle East Airlines (MEA), Mohammad el-Hout, a rappelé, lors d’une intervention sur la chaîne de télévision LBCI, que la compagnie a «rempli son devoir national depuis la guerre de 2023», tout en affirmant que les prix sont régis par l’offre et la demande, dans un aéroport qui accueille encore 32 compagnies aériennes.
La MEA, pour sa part, a évité les zones à risque au nord, en Syrie et en Irak. Mais entre hausse des primes d’assurance, inflation galopante, coût des avions et salaires en hausse, l’addition est lourde.
Bonne nouvelle toutefois: la création d’une compagnie low cost affiliée à la MEA est bien en route, avec un décollage prévu pour mars 2027. En attendant, le Liban a perdu 150.000 passagers pendant les douze jours de guerre, dont 90.000 arrivées et 60.000 départs.
Entre conflits régionaux, inflation mondiale et saturation des couloirs aériens, le ciel coûte de plus en plus cher. Et cette fois, même les nuages ne sont pas gratuits. Si la paix est dans l’intérêt de tous, les compagnies aériennes et les passagers ont désormais une motivation supplémentaire: retrouver des trajets sans encombre… et des billets abordables.
Commentaires