Israël-Iran, jour 12 : confusion à l’aube, entre cessez-le-feu annoncé et frappes renouvelées
©IRIB/AFP

Au lever du jour mardi, le doute persistait quant à la réalité d’un cessez-le-feu entre l’Iran et Israël. Le président américain a annoncé l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, qu'aucun des deux pays ennemis n'a confirmé avoir conclu. Les sirènes d’alerte ont de nouveau retenti en Israël, tandis que des explosions secouaient la capitale iranienne.

Malgré l’annonce, un peu après minuit, d’un cessez-le-feu par le président américain Donald Trump, la confrontation militaire se poursuivait sur le terrain. À Beersheba, une roquette a frappé un immeuble résidentiel, faisant trois morts selon les services israéliens de secours et de lutte contre les incendies. Au total, six alertes aux missiles ont été déclenchées durant la nuit, poussant les civils à se réfugier à plusieurs reprises dans les abris. Les secours israéliens ont annoncé mardi la mort de quatre personnes. «Suite à l'impact d'un missile dans le sud d'Israël - où un immeuble d'habitation a été frappé à Beersheva, selon un journaliste de l'AFP sur place - le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, a d'abord fait état de trois morts et huit blessés, avant d'annoncer un quatrième décès.

Côté iranien, la nuit a été marquée par ce que certains décrivent comme les bombardements les plus violents depuis le début du conflit. «Le bombardement ce soir à Téhéran était d’une intensité extrême. Pendant une heure entière, les explosions ne se sont pas arrêtées», a témoigné un habitant sur les réseaux sociaux. Selon l’agence Tasnim, neuf personnes sont mortes dans des frappes israéliennes visant des immeubles résidentiels dans la province de Guilan, au nord de l’Iran.

Un cessez-le-feu flou et contesté

L’origine de cette confusion remonte à la déclaration de Donald Trump sur sa plateforme Truth Social, dans laquelle il annonçait qu’un «cessez-le-feu total et complet» entre l’Iran et Israël entrerait en vigueur «environ six heures» après son message publié à 18h, heure de Washington. Le plan prévoyait une cessation des tirs iraniens dans la matinée de mardi, suivie d’une pause israélienne six heures plus tard, pour une fin officielle de la guerre 24 heures après.

Pourtant, ni Israël ni l’Iran n’ont confirmé publiquement un tel accord. Si la télévision d’État iranienne a évoqué un cessez-le-feu «imposé à l’ennemi», le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a affirmé sur X qu’«aucun accord de cessez-le-feu» n’avait été conclu. Il a néanmoins précisé que l’Iran cesserait ses frappes si Israël mettait fin aux siennes d’ici 4h du matin, heure de Téhéran. Quelques heures plus tard, l’armée israélienne indiquait que de nouveaux missiles avaient été tirés depuis l’Iran vers son territoire, relançant les alarmes dans plusieurs régions. Les défenses aériennes israéliennes ont été activées et la population invitée à se mettre à l’abri.

Dans un retournement spectaculaire du conflit entre Israël et l’Iran, le président américain Donald Trump a annoncé qu’un cessez-le-feu illimité avait été conclu entre les deux pays, après douze jours d’affrontements. L’annonce, publiée sur sa plateforme Truth Social, est survenue quelques heures seulement après une nouvelle vague de frappes de représailles et une confusion croissante sur le début effectif de la trêve.

«C’est une guerre qui aurait pu durer des années et détruire tout le Moyen-Orient, mais ce ne fut pas le cas, et cela n’arrivera jamais», a écrit Trump. Il a salué le «courage, l’endurance et l’intelligence» des deux nations pour avoir mis fin à ce qu’il a appelé «LA GUERRE DE 12 JOURS». Dans un entretien accordé ensuite à NBC, le président américain a qualifié ce cessez-le-feu «d’illimité» et a affirmé qu’il durerait «pour toujours».

Coulisses d’un accord : négociations parallèles entre Washington, Tel-Aviv et Téhéran

Selon des responsables de la Maison-Blanche cités par l’agence Reuters, Donald Trump aurait personnellement négocié l’accord avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou lundi, tandis qu’une délégation américaine - comprenant notamment le vice-président JD Vance -  menait des discussions parallèles avec des représentants iraniens. L’accord inclurait un engagement d’Israël à cesser ses attaques, à condition que l’Iran mette un terme à ses tirs de missiles.

L’Iran semble avoir donné son accord. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a confirmé que les opérations militaires iraniennes avaient cessé à exactement 4 heures du matin, heure de Téhéran. «Nos puissantes forces armées ont continué à punir Israël jusqu’à la toute dernière minute», a-t-il écrit sur les réseaux sociaux, précisant qu’en l’absence de frappes israéliennes après cette heure, l’Iran ne poursuivrait pas ses représailles.

Frappes iraniennes sur une base américaine au Qatar

Avant même l’entrée en vigueur de la trêve, Téhéran a frappé la base militaire américaine d’Al Udeid au Qatar, la plus grande installation des États-Unis au Moyen-Orient, en réponse à l’implication américaine dans les bombardements israéliens en Iran. Le ministère qatari des Affaires étrangères a confirmé l’attaque, précisant que les défenses aériennes avaient intercepté les missiles et qu’aucune victime n’était à déplorer. L’Iran aurait averti à l’avance les autorités américaines et qataries, afin d’éviter toute escalade supplémentaire.

L’annonce du cessez-le-feu par Donald Trump est intervenue peu après une série de frappes américaines contre des sites nucléaires en Iran, notamment à Ispahan, Natanz et Fordow. L’opération, baptisée «Midnight Hammer» (Marteau de Minuit), a mobilisé des bombardiers B-2 et des munitions capables de percer les bunkers. Trump a affirmé que ces frappes avaient «complètement et totalement détruit» les capacités nucléaires de l’Iran, bien que l’ampleur des dégâts reste incertaine.

Répercussions régionales : attaque de drone en Irak

La tension a également gagné l’Irak voisin. Une frappe de drone a visé une installation radar sur la base militaire de Taji, au nord de Bagdad. Aucun blessé n’a été signalé. La base, anciennement utilisée par la coalition dirigée par les États-Unis, a été remise aux forces de sécurité irakiennes en 2020.

Réaction des marchés : le pétrole chute, les bourses asiatiques remontent

Les marchés financiers ont rapidement réagi à l’annonce du cessez-le-feu. Les prix du pétrole ont poursuivi leur chute : le Brent a perdu plus de 4 %, tombant à 68 dollars le baril, un niveau inférieur à celui du 12 juin, date du début du conflit. Les principales places boursières asiatiques ont affiché une progression, les investisseurs espérant un retour à la stabilité au Moyen-Orient.

Chiffres

Les défenses aériennes israéliennes ont intercepté plus de 500 missiles tirés sur le pays par l'Iran, ainsi qu'un millier de drones, selon l'armée.

L'étendue complète des dégâts après 12 jours de guerre n'est pas connue en raison des règles de censure militaire, mais au moins 50 impacts ont été reconnus à l'échelle nationale israélienne et le bilan officiel s'élevait à 24 morts avant les attaques de mardi.

Commentaires
  • Aucun commentaire