Entre avertissements et frappes ciblées, le Hezbollah sommé de se tenir à carreau
©Ici Beyrouth

Les responsables libanais observent avec une vive inquiétude l’escalade entre l’Iran et Israël, à laquelle les États-Unis se sont joints en frappant des cibles nucléaires iraniennes dans la nuit de samedi à dimanche. En effet, la crainte grandit à Beyrouth de voir le Hezbollah entraîné dans le conflit, compte tenu de ses liens militaires, politiques et idéologiques étroits avec la République islamique d’Iran et ses dirigeants.

Selon des sources proches du dossier, alors que les États-Unis visaient dans le même temps les sites nucléaires iraniens de Fordo, de Natanz et d'Ispahan, des avions de chasse israéliens ont mené des frappes ciblées contre des positions du Hezbollah dans le Liban-Sud. Parmi les cibles figurait notamment une station de diffusion de la chaîne Al-Manar, affiliée au parti, située sur les hauteurs de Toumat Niha.

De sources sécuritaires, on estime que le bombardement de cette station représentait un message sans équivoque adressé au parti de Dieu, l’enjoignant de ne pas s’impliquer dans le conflit. Ce message militaire a été doublé d’un avertissement diplomatique, transmis par des canaux américains, dans lequel Israël met en garde le gouvernement libanais contre les conséquences d’un éventuel engagement du Hezbollah dans la guerre.

À la suite de ces deux messages, le président de la République, le général Joseph Aoun, a pris l’initiative de contacter les dirigeants du Hezbollah, insistant sur la nécessité de préserver le Liban des retombées du conflit en évitant toute implication dans la guerre. Selon les informations disponibles, le Hezbollah n’a pas fourni de réponse définitive. À ce stade, il maintient une posture de non-escalade. Mais une question demeure: que fera le parti si les Iraniens lui demandent de s’impliquer dans la bataille? Pourra-t-il refuser, alors même que sa base chiite, déjà exsangue, ne semble plus en mesure de supporter de nouvelles pertes humaines et matérielles?

Parallèlement, le Premier ministre, Nawaf Salam, a également multiplié les contacts avec plusieurs acteurs arabes et internationaux, au premier rang desquels les États-Unis et la France. Selon les informations disponibles, des instructions ont été données à l’armée pour renforcer son déploiement dans le sud du pays ainsi que dans d’autres zones sensibles, notamment aux abords de l’ambassade américaine à Awkar. Celle-ci constitue une cible potentielle en cas de représailles liées au bombardement des installations nucléaires iraniennes ou à toute évolution militaire qui toucherait la plus haute autorité du régime, le Guide suprême, Ali Khamenei.

Au Liban, l’heure est à la mobilisation politique au plus haut niveau, d’autant que les derniers échanges diplomatiques n’ont pas suffi à dissiper les craintes d’un embrasement régional. Pour autant, les responsables concernés estiment que le Hezbollah n’ira pas jusqu’à commettre un acte suicidaire, conscient de l’épuisement de sa base populaire comme de l’ensemble du pays. La reconstruction des destructions provoquées par la dernière guerre de soutien n’a d’ailleurs toujours pas commencé, faute de moyens, tant du côté de la formation que de l’État. C’est dans ce climat de tension contenue que le président de la République a tenu à rassurer, depuis le centre-ville de Beyrouth: «Aucune guerre ne frappera le Liban», a-t-il affirmé, avant de lancer cette question: «Qui pourrait en supporter le coût?»

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