Détroit d'Ormuz: l’Iran jouera-t-il la carte du chaos énergétique?
Détroit d'Ormuz: l’Iran jouera-t-il la carte du chaos énergétique? ©Ici Beyrouth

Alors que le Moyen-Orient s’embrase sous la tension croissante entre l’Iran et Israël, une question brûlante revient au cœur des préoccupations internationales: Téhéran est-il prêt à fermer le détroit d’Ormuz, véritable artère vitale du commerce mondial de l’énergie?

Vendredi soir, Emmanuel Macron a tiré la sonnette d’alarme. Dans une déclaration solennelle, le président français a averti: «Il faut se préparer à des conséquences économiques du conflit entre Israël et l’Iran.»

Il a nommé explicitement le détroit d’Ormuz, et a évoqué les routes commerciales (sans les citer) menacées par l'escalade régionale. Un avertissement lourd de sens, tant ce passage maritime stratégique, qui voit transiter 26% du pétrole mondial et un tiers du gaz naturel liquéfié, est devenu un levier géopolitique majeur entre les mains de l’Iran.

Un air de déjà-vu: vers un nouveau choc pétrolier?

En cas de blocage du détroit, les analystes évoquent un scénario noir digne des années 70. Le prix du baril pourrait flamber à 130 dollars, selon les projections de la banque d’investissement JP Morgan.

Un parallèle s'impose: en 1973, à la suite de la guerre du Kippour, les pays arabes membres de l’Opep avaient imposé un embargo pétrolier contre les alliés d’Israël, provoquant un quadruplement du prix du brut et une crise économique mondiale.

Une manœuvre risquée, mais possible

Jouer la carte du détroit serait pour l’Iran un acte de désespoir. Mais les signaux se multiplient. Les menaces de «représailles sévères et dissuasives» de Téhéran en réponse aux frappes israéliennes font peser une réelle incertitude sur la sécurité du trafic maritime.

Militairement, l’Iran n’a pas le contrôle total du détroit, mais son positionnement géographique au nord des eaux territoriales lui permet une surveillance étroite des navires et, en cas de conflit, une capacité d’interception significative.

Les experts s’accordent: fermer Ormuz, c’est déclencher un séisme énergétique mais aussi ouvrir la voie à une confrontation directe avec les États-Unis, qui veilleraient à maintenir la libre circulation du pétrole. Un seuil que Téhéran hésite encore à franchir.

Un marché déjà sous tension

Tant que les routes maritimes restent ouvertes, les pays du Golfe peuvent compenser une éventuelle baisse de l’offre iranienne. Mais tout incident – attaque de pétroliers, tension en mer Rouge, actions des Houthis — pourrait faire sauter les primes d’assurance, alourdir les coûts logistiques et alimenter une nouvelle spirale inflationniste.

Le détroit d’Ormuz est aujourd’hui le thermomètre d’un conflit régional aux répercussions mondiales. Une simple étincelle pourrait faire basculer l’équilibre énergétique de la planète.

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