L'armée israélienne a annoncé vendredi la mort de quatre soldats dans la bande de Gaza et dit manquer de 10.000 hommes pour ses "besoins opérationnels" à l'heure où la majorité gouvernementale semble prête à imploser à cause de désaccords sur la conscription des juifs ultra-orthodoxes.
De son côté, la Défense civile de la bande de Gaza a déclaré que 38 personnes avaient péri dans des bombardements aériens ou des tirs israéliens vendredi à travers ce petit territoire palestinien dont les habitants marquent le premier jour de la fête musulmane du Sacrifice (Aïd al-Adha), pour la deuxième année de suite dans les décombres provoqués par la guerre.
Les quatre militaires ont perdu la vie à Kan Younès (sud de la bande de Gaza) "dans un complexe appartenant" au Hamas quand "un engin explosif a explosé, entraînant l'effondrement d'une partie de la structure", a expliqué le général Effie Defrin, le porte-parole de l'armée israélienne.
Cinq autres soldats ont été blessés, dont un grièvement, a-t-il ajouté.
"Les pertes subies aujourd'hui par l'occupation à Khan Younès (...) illustrent ce à quoi seront confrontées les forces d’occupation partout où elles sont présentes", avertit une déclaration attribuée à Abou Obeida, le porte-parole des Brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du Hamas. Reproduite dans un communiqué diffusé par ce mouvement, elle enjoint la population israélienne à "contraindre ses dirigeants à mettre fin à la guerre d'extermination ou à se préparer à recevoir davantage de ses fils dans des cercueils".
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a adressé ses condoléances aux familles des "héros tombés (...) dans la lutte pour vaincre le Hamas et ramener nos otages".
Israël fait face à une forte pression internationale pour mettre fin à la guerre déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas sur le sud de son territoire le 7 octobre 2023, tandis que la situation humanitaire dans la bande de Gaza est désastreuse, l'ONU mettant en garde contre une famine du fait des restrictions imposées par l'Etat hébreu sur l'aide humanitaire.
Israël a intensifié à la mi-mai son offensive dans la bande de Gaza, dans le but affiché de libérer les derniers otages du 7-Octobre, de prendre le contrôle de tout ce territoire et d'anéantir le Hamas qui y a pris le pouvoir en 2007.
- "Besoin opérationnel" -
L'armée israélienne "manque de plus de 10.000 soldats, dont environ 6.000" combattants, "il s'agit d'un véritable besoin opérationnel, a souligné le général Defrin au cours d'une conférence de presse, en réponse à une question sur la conscription des juifs ultra-orthodoxes, exemptés d'obligations militaires depuis des décennies.
La majorité politique de M. Netanyahu est rattrapée par cette épineuse question qui pourrait faire tomber le gouvernement, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël, et provoquer des élections anticipées.
En pleine guerre, cette exemption est de plus en plus mal acceptée par la société israélienne.
M. Netanyahu doit composer avec une frange de son parti qui pousse pour une loi visant à enrôler plus d'ultra-orthodoxes et à durcir les sanctions contre les insoumis, un véritable casus belli pour les partis représentant les "hommes en noir" qui exigent quant à eux une loi pour garantir leur affranchissement des obligations militaires et menacent de quitter la coalition, ce qui ferait chuter le gouvernement, s'ils n'obtiennent pas gain de cause.
- "Il porte un linceul" -
Dans la bande de Gaza, 38 Palestiniens ont été tués vendredi, au premier jour de l'Aïd, dans des bombardements aériens ou des tirs israéliens, dont 11 dans une frappe à Jabalia (nord), selon la Défense civile.
Sollicitée par l'AFP sur ces informations, l'armée israélienne n'a pas réagi.
Compte tenu des restrictions imposées à la presse dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès à mesure que les combats s'étendent, il est extrêmement difficile de confirmer de façon indépendante les bilans et les circonstances des morts dont fait état la Défense civile.
Parmi les morts du jour figure le fils de Souad Al-Qarra. "Je lui ai acheté des vêtements pour l'Aïd hier (jeudi) et il ne les a pas portés, il porte un linceul blanc", a-t-elle dit à ses funérailles.
Pendant la même cérémonie, une autre Palestinienne, Laïla al-Qatati, déplacée de la ville de Gaza, dit avoir perdu son fils et sa belle-fille : "Mon fils Qaïss s'est marié pour l'Aïd al-Fitr (marquant la fin du ramadan) il y a trois mois et, maintenant, pour l'Aïd al-Adha, lui et sa femme sont tombés en martyrs".
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, d'après un décompte de l'AFP reposant sur des données officielles.
Plus de 54.607 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles, selon des données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.
Avec AFP
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