
Depuis la fin de la guerre, le marché immobilier libanais connaît un regain d’activité, marqué par une reprise partielle des transactions, en particulier celles effectuées par des étrangers. Parmi eux, des ressortissants du Golfe, de Jordanie, d’Égypte et de Syrie s’intéressent de nouveau à la pierre libanaise, motivés par des prix compétitifs, la recherche de placements stables et la proximité géographique et culturelle.
Pendant les neuf premiers mois de 2024, 26.430 transactions ont été enregistrées, soit une hausse de 118% par rapport à 2023, selon des sources bien informées. Cette augmentation s’explique en grande partie par la reprise des services du cadastre après une longue paralysie administrative. La valeur totale des ventes a atteint près de 1,85 milliard de dollars. Néanmoins, les investisseurs étrangers n’ont représenté qu’environ 2,2% des acquéreurs, les Syriens arrivant en tête, suivis par les Saoudiens, les Américains, les Dominicains et les Turcs.
Investissements arabes: entre prudence et retour discret
Malgré cette dynamique, l’enthousiasme reste mesuré. Comme l’indique Karl Kanaan, directeur commercial de S Gestion, expert du secteur: «Il n’y a pas beaucoup de demandes d’Arabes en général. C’est encore précoce après la levée des restrictions. En revanche, il y a des investissements dans l’immobilier de la part de Libanais vivant dans les pays arabes. Les Arabes qui avaient acheté depuis longtemps du côté de Bhamdoun et Sofar et laissé leurs biens à l’abandon commencent à les rénover, probablement en vue d’un usage estival.»
Ce retour partiel semble donc davantage motivé par un usage privé que par de nouvelles acquisitions massives.
Un processus d’enregistrement contraignant
Le processus d’enregistrement foncier reste une barrière majeure pour les investisseurs étrangers. Long et complexe, il peut décourager certains acheteurs, d’autant plus que des restrictions juridiques s’appliquent encore à certaines nationalités, notamment syrienne et palestinienne. Bien que des propositions de loi aient évoqué l’octroi de résidences permanentes pour les acheteurs étrangers, ces projets n’ont pas encore abouti.
Malgré des opportunités indéniables, plusieurs investisseurs de renom, à l’image de Khalaf Ahmad al-Habtoor, ont préféré annuler leurs projets au Liban, invoquant l’instabilité politique, l’absence de réformes structurelles et l’influence persistante des milices armées.
Les motivations des investisseurs arabes
Les investisseurs des pays du Golfe, de Jordanie, d'Égypte et de Syrie ont été attirés par plusieurs facteurs, le premier étant les prix compétitifs. En effet, les prix de l'immobilier ont connu une baisse significative en raison de la crise économique, offrant ainsi des opportunités d'achat à des tarifs attractifs. De plus, face aux incertitudes économiques dans leurs pays d'origine, ces investisseurs ont vu dans l'immobilier libanais un moyen de diversifier et de sécuriser leur patrimoine. Enfin, la proximité géographique et les liens culturels ont facilité les investissements, notamment pour les ressortissants syriens et jordaniens.
Une géographie inégalement attractive
Les zones les plus prisées par les étrangers restent, selon des sources combinées, le Nord (27,8% des transactions), Beyrouth (25,3%) et le Sud (23,7%). La Békaa et Baalbeck-Hermel attirent aussi un certain volume (20,7%), alors que Nabatiyé ne représente que 2,5% des ventes.
Le marché immobilier libanais semble à la croisée des chemins: s’il attire de nouveau certains investisseurs, notamment de la diaspora ou d’origine arabe, l’instabilité politique et les lourdeurs administratives freinent encore un véritable redécollage. La confiance ne pourra être rétablie que par des réformes profondes, une meilleure sécurité juridique et une stratégie économique claire en faveur de la stabilité.
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