
Dans l’éditorial du rapport mensuel de l’Association des banques du Liban (ABL), intitulé «Une nouvelle phase à l’horizon», le secrétaire général de l’Association, Fadi Khalaf, affirme qu’aucun plan de redressement économique ne pourra aboutir sans une coopération sérieuse entre toutes les parties prenantes. Ce partenariat, insiste-t-il, doit impérativement garantir la protection des droits des déposants tout en assurant la pérennité du secteur bancaire.
Selon lui, ces principes ne relèvent plus uniquement de la position du secteur bancaire, mais ont été officiellement reconnus lors de plusieurs échanges avec les autorités, notamment au cours d'une récente réunion entre l’ABL et le gouverneur de la Banque du Liban, Karim Souhaid.
M. Khalaf a salué le ton franc et transparent de cette rencontre, marquée par une vision claire et des positions affirmées, qui ont permis de recentrer le débat sur des bases jugées logiques et équitables. Il en résume les principaux axes comme suit:
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Reconnaître le caractère systémique de la crise ne signifie pas éluder les responsabilités, mais permet de mieux en comprendre les origines afin de définir des solutions durables.
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La responsabilité est partagée entre l’État, la Banque du Liban et les banques commerciales. Toute tentative de désigner un seul responsable risquerait de prolonger l’impasse actuelle.
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La réduction de la faille financière ne peut se limiter à une restructuration du secteur bancaire; elle doit commencer par l’assainissement des comptes de la Banque centrale et la clarification des engagements de l’État à son égard.
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La dette de la Banque du Liban envers les banques commerciales constitue une obligation contractuelle explicite et ne saurait être annulée de manière unilatérale.
L’ABL met également en avant plusieurs principes juridiques et économiques:
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L’État doit respecter ses propres lois, notamment l’article 113 du Code de la monnaie et du crédit, qui lui impose de couvrir les pertes de la Banque centrale.
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Les politiques de subvention non ciblées et le financement chronique du déficit public ont largement contribué à l’aggravation de la crise actuelle.
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Écarter les banques des discussions au nom d’un éventuel conflit d’intérêts reviendrait à affaiblir le principe de partenariat, alors même que l’État et la Banque centrale partagent la responsabilité des pertes enregistrées sur les dépôts.
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Les placements réalisés par les banques auprès de la Banque du Liban l’ont été conformément aux circulaires émises par cette dernière, ce qui réfute l’idée d’une responsabilité exclusive des banques.
Enfin, l’Association insiste sur la nécessité de tenir compte des spécificités locales. Le Liban ne peut appliquer des modèles étrangers qui ne correspondent ni à sa structure institutionnelle ni à la nature multidimensionnelle de sa crise.
En conclusion, Fadi Khalaf estime que les récentes prises de position officielles ouvrent la voie à un changement de cap salutaire. Toutefois, pour que cette dynamique puisse aboutir, les principes évoqués devront être traduits en politiques concrètes, puis en textes de loi clairs, applicables et effectivement respectés.
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