
L’ONU a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi avoir réceptionné et commencé à répartir de l’aide humanitaire à Gaza, après plus de deux mois et demi de blocus total, au moment où le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’est dit prêt à accepter un cessez-le-feu temporaire dans l’enclave palestinienne pour libérer des otages.
Alors qu’Israël subit des pressions accrues sur la scène internationale pour sa conduite de la guerre à Gaza, où il impose un blocus total depuis début mars, le pouvoir israélien a annoncé cette semaine une reprise limitée de l’aide humanitaire.
Mercredi, «les Nations unies ont collecté environ 90 chargements de camions au point de passage de Kerem Shalom et les ont expédiés à Gaza», a annoncé dans un communiqué Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU.
Le service de presse du gouvernement de Gaza, contrôlé par le Hamas, a confirmé que l’équivalent de 87 camions d’aide étaient entrés dans la bande de Gaza, dans un message publié dans la nuit sur Telegram.
Israël avait annoncé l’entrée mercredi de 100 camions d’aide humanitaire de l’ONU à Gaza, chargés de farine, de nourriture pour bébés ou encore de matériel médical, après 93 camions la veille et une dizaine lundi. Mais aucune des cargaisons n’avait pu quitter la zone de transbordement de Kerem Shalom dans un premier temps.
Les autorités israéliennes n’avaient autorisé les équipes onusiennes qu’à «passer par une zone très encombrée, que nous ne jugeons pas sûre et où des pillages étaient très susceptibles de se produire étant données les privations prolongées» des dernières semaines, avait expliqué plus tôt Stéphane Dujarric.
Pour les Nations unies, le volume de l’aide est «une goutte d’eau dans l’océan» des besoins des Gazaouis : avant le déclenchement de la guerre, en représailles à l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, quelque 500 camions d’aide humanitaire entraient chaque jour à Gaza.
«Option de cessez-le-feu temporaire»
Après une trêve de deux mois, l’armée israélienne a repris son offensive le 18 mars à Gaza et s’est emparée de larges pans du territoire dévasté par la guerre. Le gouvernement Netanyahou a annoncé début mai un plan pour la «conquête» de Gaza, qu’Israël avait occupée de 1967 à 2005, nécessitant le déplacement interne de «la plupart» de ses 2,4 millions d’habitants.
L’armée israélienne a lancé samedi une offensive d’envergure à Gaza, dans le but affiché de libérer les otages et d’anéantir le Hamas.
Mais «s’il y a une option de cessez-le-feu temporaire, pour libérer des otages, nous serons prêts», a déclaré Benjamin Netanyahou en conférence de presse, affirmant que 20 des 58 otages — dont un soldat tué en 2014 — toujours à Gaza étaient «en vie de façon certaine».
«Toute la bande de Gaza sera sous le contrôle de l’armée» israélienne à l’issue de l’offensive d’envergure lancée par Israël, a fait savoir le chef du gouvernement.
En parallèle, mercredi, des tirs israéliens ont perturbé une visite de diplomates étrangers organisée par l’Autorité palestinienne à Jénine, en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.
Ces «coups de semonce», tirés selon l’armée israélienne parce que la délégation s’était «écartée de l’itinéraire approuvé», ont suscité un tollé international. M. Netanyahu n’a pas commenté les faits face à la presse.
«Pressions extérieures»
Mardi, le Royaume-Uni avait annoncé la suspension de ses négociations avec Israël sur un accord de libre-échange, et l’Union européenne a décidé un réexamen de son accord d’association avec Israël, soutenu par 17 États membres.
«Les pressions extérieures ne détourneront pas Israël de sa voie pour défendre son existence et sa sécurité», avaient réagi les affaires étrangères israéliennes.
Le ministère israélien avait jugé que le réexamen de l’accord d’association reflétait «une incompréhension totale de la réalité complexe à laquelle Israël» fait face et encourageait «le Hamas à rester sur ses positions».
L’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles. 251 personnes avaient été enlevées.
La campagne de représailles israélienne a fait au moins 53 655 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
L’armée israélienne a annoncé jeudi dans la nuit avoir intercepté un nouveau missile tiré depuis le Yémen, d’où les rebelles houthis visent régulièrement le territoire israélien. Soutenus par l’Iran, les Houthis affirment agir en solidarité avec les Palestiniens.
Le ministère libanais de la Santé a pour sa part fait état mercredi de trois morts dans des frappes israéliennes sur le sud du pays, où Israël continue de cibler régulièrement le Hezbollah malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis novembre.
Par L’équipe de l’AFP à Gaza avec Michael BLUM à Jérusalem
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