Imbroglio autour d'un avion offert en \
Sur cette photo du 15 février 2025, le cortège du président américain Donald Trump est garé à côté d'un Boeing 747 vieux de près de 13 ans sur le tarmac de l'aéroport international de Palm Beach, le 15 février 2025. ©ROBERTO SCHMIDT / AFP

La polémique a enflé dimanche aux États-Unis autour d'un avion en passe d'être offert pour l'usage officiel de Donald Trump, un «cadeau» qui selon les médias américains provient du Qatar.

L'affaire porte sur un Boeing 747-8 Jumbo estimé à 400 millions de dollars par les experts, que la chaîne ABC News a qualifié de «Palace dans le ciel» offert par la famille royale qatarie.

Sans mentionner le Qatar, le président américain a évoqué sur son réseau Truth Social un «cadeau», fruit d'une opération «tout à fait publique et transparente» au bénéfice du ministère de la Défense. Selon lui, cet appareil «gratuit» doit «remplacer temporairement» les deux vieillissants Air Force One, nom donné aux avions présidentiels.

Ce cadeau pose la question de potentiels conflits d'intérêt, d'autant que la Constitution américaine interdit aux dépositaires de l'autorité publique d'accepter des cadeaux «de la part d'un roi ou d'un prince d'un État étranger».

Il pourrait s'agir du bien le plus onéreux jamais offert au gouvernement des États-Unis.

Selon la chaîne ABC, qui cite des sources proches du dossier, l'annonce de ce cadeau XXL doit être faite lors de la visite de M. Trump au Moyen-Orient, avec une escale au Qatar, de mardi à vendredi.

Un porte-parole de l'ambassade de l'émirat à Washington, Ali al-Ansari, a cependant affirmé dans un communiqué qu'«aucune décision n'a été prise». «Le possible transfert d'un avion pour utilisation temporaire en tant qu'Air Force One est actuellement en discussion entre les ministères qatari et américain de la Défense».

Le dirigeant républicain compte remplacer les deux Boeing 747-200B actuels, entrés en service en 1990 sous le président George Bush père. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a plusieurs fois pesté contre les coûts de maintenance importants de ces appareils vieillissants.

Selon les médias américains, il pourrait continuer à utiliser le nouvel avion après avoir quitté ses fonctions car la propriété en serait alors transférée de l'Armée de l'air à sa fondation.

D'après ABC, l'administration Trump considère que l'opération est légale. Des sources au sein du ministère de la Justice et de la Maison Blanche arguent notamment que le cadeau serait offert non pas à un individu en particulier mais à l'Armée de l'air, et qu'aucune faveur ne serait accordée en échange.

Contactée par l'AFP, la Maison Blanche n'a pas répondu dans l'immédiat.

Retards de Boeing 

Boeing avait promis en 2018 de livrer deux nouveaux appareils à l'administration américaine avant fin 2024, mais l'entreprise aéronautique américaine, empêtrée dans des problèmes économiques et de qualité de production, accumule les retards.

Mécontent, Donald Trump avait suggéré en février que le nouvel avion présidentiel pourrait venir «d'un autre pays».

Un tel appareil doit être équipé d'instruments de communication de haute technologie, d'installations médicales et d'un système de défense très performant.

Selon le Wall Street Journal, l'entreprise américaine L3Harris a d'ores et déjà été chargée d'adapter l'avion de luxe qatari à ces besoins.

Dans un courriel adressé à ses sympathisants, le Comité national du parti démocrate a accusé Donald Trump de vouloir «s'enrichir».

Le sénateur Chris Murphy a critiqué une opération «largement illégale», et la députée Kelly Morrison parlé de «corruption à la vue de tous».

M. Trump a affirmé, pour sa part, que ses adversaires politiques «insistent» injustement pour payer une somme considérable, ne mentionnant pas de contrepartie américaine dans cette transaction.

Un même Boeing 747-8 Jumbo offert par le Qatar avait été impliqué dans un imbroglio en Turquie en 2018. Le président turc Recep Tayyip Erdogan l'avait décrit comme un «cadeau» au pays, alors que l'opposition l'accusait de l'avoir acheté pour satisfaire des envies de luxe personnelles.

Avec AFP

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