
La reconnaissance unilatérale d'un État palestinien conduira Israël à prendre des « mesures unilatérales », a averti dimanche le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, en réaction aux discussions en cours sur la question.
«Toute tentative (de reconnaissance) unilatérale (...) ne fera que nuire aux perspectives futures d'un processus bilatéral et nous poussera à prendre des mesures unilatérales en réponse», a déclaré M. Saar à l'issue d'une rencontre avec son homologue allemand, Johann Wadephul, à Jérusalem.
De son côté, l'Allemagne défend le principe d'une solution à deux États avec une reconnaissance bilatérale des États israélien et palestinien.
«La perspective d'une solution à deux États est la meilleure chance pour vivre en paix, sécurité et dignité pour les Israéliens comme pour les Palestiniens, et cela ne doit pas être entravé ni par l'avancement de la construction de colonies illégales ni par une reconnaissance prématurée d'un État palestinien», a noté M. Wadephul.
Près de 150 pays reconnaissent l'État palestinien. En mai 2024, l'Irlande, la Norvège et l'Espagne ont franchi le pas, suivis par la Slovénie en juin.
Le président français Emmanuel Macron doit par ailleurs coprésider en juin avec l'Arabie saoudite une conférence internationale aux Nations unies pour relancer la solution à deux États, palestinien et israélien.
Il a dit espérer à cette occasion «déclencher une série de reconnaissances» d'un État palestinien, notamment par la France, mais aussi d'Israël par plusieurs pays du monde arabo-musulman.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ainsi que plusieurs des ministres de son gouvernement — l'un des plus à droite de l'histoire du pays – ont répété ces derniers mois être opposés à l'établissement d'un État palestinien.
Pour eux, cela reviendrait, comme l'a répété M. Saar dimanche, à «récompenser le terrorisme du Hamas».
Aide humanitaire
Saar a affirmé que son pays soutenait «pleinement» l'initiative américaine de distribution d'aide humanitaire dans la bande de Gaza, qui ne prévoit pas de participation israélienne directe.
«Israël soutient pleinement le plan de l'administration Trump présenté vendredi par l'ambassadeur des États-Unis en Israël, M. Mike Huckabee», a dit M. Saar lors d'une conférence de presse avec son homologue allemand, Johann Wadephul.
En guerre contre le Hamas depuis l'attaque sans précédent perpétrée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023, Israël bloque depuis le 2 mars l'entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, où celle-ci est vitale pour les 2,4 millions d'habitants.
Depuis des semaines, des responsables de l'ONU et d'ONG multiplient les avertissements sur la pénurie de nourriture, de médicaments et de carburant dans le territoire palestinien assiégé.
«Le Hamas a volé cette aide au peuple et en a tiré profit. Il l'a utilisée pour alimenter sa machine de guerre. Il s'en est servi pour préserver sa position de force, au détriment de la population civile», a souligné M. Saar.
«Si l'aide continue d'aller au Hamas plutôt qu'au peuple de Gaza, la guerre ne prendra jamais fin», a-t-il affirmé.
Vendredi, M. Huckabee a levé un coin du voile sur une nouvelle initiative que son pays dit vouloir mettre prochainement en place pour venir en aide aux Palestiniens.
«Les Israéliens vont être impliqués dans la fourniture de la sécurité militaire nécessaire, car c'est une zone de guerre, mais ils ne participeront ni à la distribution de la nourriture, ni même à son acheminement dans Gaza», a affirmé l'ambassadeur américain.
La sécurité aux points de distribution sera assurée «par des prestataires privés», tandis que l'armée israélienne se chargera de la sécurité «à distance» pour les protéger des combats en cours, a-t-il ajouté.
Dimanche, M. Saar a confirmé que «les soldats (israéliens) ne distribueront pas l'aide» mais «sécuriseront le périmètre». Il a aussi dit souhaiter coopérer avec «autant de pays et ONG que possible» pour la mise en œuvre du plan américain.
Israël n'avait jusqu'à présent pas commenté cette initiative.
«Si c'est un moyen d'assurer un approvisionnement humanitaire adéquat, dans ce cas le gouvernement fédéral allemand le soutiendra», a de son côté estimé M. Wadephul, en notant que la «détresse humaine s'aggrave chaque jour» à Gaza.
«Nous savons que le Hamas abuse de l'aide humanitaire (...), donc il est compréhensible que le gouvernement israélien cherche des moyens d'empêcher le Hamas de continuer», a-t-il ajouté.
Un rapport basé sur un index de définition des stades de la faim à Gaza est attendu lundi.
La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque perpétrée le 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
La campagne de représailles israélienne a fait au moins 52.829 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du territoire palestinien, jugées fiables par l'ONU.
Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne. Le Hamas retient également la dépouille d'un soldat israélien tué lors d'une précédente guerre à Gaza, en 2014.
AFP
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