
Le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar a exhorté l'Europe, dans une interview publiée dimanche, à "cesser d'accorder une légitimité" au pouvoir de transition syrien après des violences qui, selon une ONG, ont tué de centaines de civils.
"L'Europe ne doit pas fermer les yeux sur la réalité", a déclaré M. Saar au journal allemand Bild.
"Elle doit se réveiller. Elle doit cesser d'accorder une légitimité à un régime dont les premières actions - sans surprise compte tenu de son passé terroriste bien connu - sont ces atrocités", a-t-il dit.
D'après l'Observatoire des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, "745 civils alaouites ont été tués dans les régions de la côte et les montagnes de Lattaquié (ouest, ndlr) par les forces de sécurité et des groupes affiliés" depuis jeudi.
Au moins 273 membres des forces de sécurité et des combattants pro-Assad ont aussi péri, a précisé l'Observatoire, faisant état d'"exécutions sur des bases confessionnelles".
Ces violences, sans précédent depuis la chute de Bachar al-Assad, ont été déclenchées par une attaque sanglante jeudi de partisans de l'ancien président contre les forces de sécurité à Jablé, près de la ville de Lattaquié, ex-bastion du pouvoir déchu et berceau de la communauté alaouite, une branche de l'islam chiite dont est issu le clan.
Pour M. Saar, "la communauté internationale en général, et l'Europe en particulier, ont afflué à Damas ces derniers mois pour serrer la main" du dirigeant syrien Ahmad al-Chareh.
"Cependant, (Chareh) et ses hommes étaient des djihadistes et le restent, même s'ils portent aujourd'hui des costumes", a-t-il affirmé. "Ce week-end, les masques sont tombés, car les hommes de Chareh ont massacré sans pitié leur propre peuple", a-t-il ajouté.
L'Allemagne a qualifié dimanche de "choquantes" les informations faisant état de plus d'un millier de personnes tuées en Syrie, en majorité des civils, dans des violences sans précédent depuis la chute de Bachar al-Assad.
"Le gouvernement de transition a la responsabilité d'empêcher de nouvelles attaques, d'enquêter et de demander des comptes aux responsables", a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. "Nous demandons instamment à toutes les parties de mettre fin aux violences".
Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy a condamné dimanche les tueries "horribles" de civils dans l'ouest de la Syrie.
"Les autorités à Damas doivent assurer la protection de tous les Syriens et tracer une voie claire vers la justice transitionnelle", a-t-il écrit sur X.
Le groupe islamiste sunnite radical Hayat Tahrir al-Cham (HTC) de M. Chareh a dirigé la coalition de factions rebelles qui a renversé Bachar al-Assad. HTC a ses racines dans la branche syrienne d'Al-Qaïda et reste désigné comme organisation terroriste par de nombreux gouvernements, dont les Etats-Unis.
Ahmad al-Chareh a appelé dimanche à l'unité nationale et à la paix civile en Syrie.
Depuis la chute du régime Assad, Israël a déployé des troupes dans une zone tampon contrôlée par les Nations unies, qui sépare les forces israéliennes et syriennes sur le plateau stratégique du Golan depuis 1974. Ces derniers temps, les forces israéliennes ont également mené des frappes aériennes répétées contre des sites militaires syriens.
Avec AFP
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