
La violence sectaire meurtrière en Syrie cette semaine, entre les forces de sécurité et les combattants druzes, fait suite aux massacres d'Alawites en mars, impliquant les forces gouvernementales et des tireurs affiliés dans ces deux flambées de violence.
De nombreuses questions ont été soulevées sur l'identité des combattants dans les nouvelles forces de sécurité du pays et sur la capacité du gouvernement intérimaire à les contrôler alors qu'il tente d'imposer son autorité sur l'ensemble de la Syrie.
Qui sont ces groupes, comment opèrent-ils, et quelles zones restent-elles hors de leur contrôle ?
Qui sont les nouvelles forces de sécurité ?
Deux mois après avoir évincé le dirigeant syrien de longue date Bashar al-Assad, les nouvelles autorités syriennes dirigées par le président intérimaire Ahmed el-Chareh ont dissous l'armée et les agences de sécurité liées au régime précédent.
L'administration a également dissous toutes les factions armées, y compris celle de El-Chareh, Hayat Tahrir al-Cham (HTC), qui avait mené l'offensive éclair qui a renversé Assad en décembre.
Les factions qui ont accepté de se dissoudre ont été intégrées au ministère de la Défense, et la Sécurité générale, la nouvelle police du pays, a ouvert ses portes aux recrues dans le cadre des efforts des deux institutions pour créer une nouvelle armée et une nouvelle force de sécurité.
Les factions de Daraa dans le sud, ainsi que les factions soutenues par la Turquie dans le nord et les groupes islamistes, ont également rejoint les forces du ministère.
Ces factions ont conservé leurs armes et restent déployées dans leurs zones d'opération.
Cependant, HTC et les groupes islamistes qui lui sont alignés restent dominants, en particulier dans leur bastion d'origine à Idlib, au nord-ouest, et à Damas.
Les factions considérées comme des forces d'élite sont stationnées autour de Damas et gardent également le palais présidentiel.
La Sécurité générale patrouille et exploite des points de contrôle dans plusieurs régions, y compris la capitale.
«Lorsque HTC a pris le palais présidentiel en décembre, il a rapidement adopté le langage et les symboles de l'État», a déclaré l'expert syrien Lars Hauch à l'AFP.
Cependant, «des entités portant des noms semblables à ceux de l'État, comme la ‘Direction générale de la sécurité’, sont en réalité composées des unités de combat principales de HTC», a-t-il ajouté.
La Sécurité générale est considérée comme le bras militaire le plus puissant de Sharaa.
Hauch a déclaré que «malgré leur intégration nominale», la plupart des factions désormais sous le ministère de la Défense «restent principalement loyales à leurs commandants d'origine».
«En pratique, le ministère fonctionne moins comme une institution centralisée de l'État et plus comme une salle d'opérations dominée par HTS», a-t-il ajouté.
Qu'en est-il de leur performance ?
Les nouvelles autorités ont à plusieurs reprises promis de protéger tous les groupes religieux et d'inclure toute la société syrienne dans la transition, avec une pression internationale reliant la levée des sanctions à la surveillance de leur conduite politique.
El-Chareh a régulièrement insisté sur la priorité de préserver l'unité, la paix, et de bâtir un nouvel État qui protège les droits humains.
Dans les derniers affrontements impliquant des combattants druzes, au cours desquels environ 100 combattants des deux côtés ont été tués, les combattants pro-gouvernementaux ont filmé des vidéos — non vérifiées par l'AFP — montrant des slogans sectaires scandés et des druzes détenus insultés.
Selon Hauch, «les abus les plus flagrants sont commis par un petit nombre mais puissant d'extrémistes» au milieu de tensions sectaires généralisées à l'échelle nationale.
«Les combattants des factions doivent changer leur tenue et se comporter comme des soldats d'une armée nationale», a déclaré l'expert militaire Riad Kahwaji à l'AFP.
Les autorités doivent «accélérer le mécanisme de réhabilitation et d'intégration des anciens combattants, et recruter de nouveaux membres parmi toutes les composantes syriennes pour instaurer la confiance à l'intérieur et à l'extérieur».
«La doctrine de l'armée doit tourner autour de la préservation de l'État civil et de la défense de tous ses peuples et composants», a ajouté Kahwaji.
Quelles zones ne contrôlent-elles pas ?
Les autorités transitoires font face à des défis majeurs qui les empêchent d'affirmer leur contrôle sur l'ensemble de la Syrie, étant donné la présence de groupes armés aux loyautés variées et aussi des régions où elles manquent de soutien populaire.
Dans le nord-est, la présence de combattants kurdes pose un défi malgré un accord pour intégrer les institutions de l'administration autonome dirigée par les Kurdes dans l'État d'ici la fin de l'année.
Les Kurdes exigent un système décentralisé, que El-Chareh rejette, et souhaitent maintenir leurs forces militaires mixtes bien organisées.
À Sweida, dans le sud, le fief druze, les clercs et les factions druzes ont déclaré jeudi qu'ils formaient une «partie indivisible» de l'État syrien et rejetaient la «sécession». Ils ont appelé l'État à renforcer sa présence, mais exclusivement par le biais du personnel local.
Hauch a déclaré que le contrôle de Sharaa «reste relativement limité en dehors de Damas et d'Idlib».
Mais «l'ambiguïté résultant de l'intégration incomplète des groupes armés» lui permet de «recourir à la coercition pour consolider son pouvoir».
Cela lui permet également de continuer à se présenter comme «quelqu'un d'unique capable de contenir les extrémistes, les commandants déviants, et d'autres 'hommes armés' difficilement définis», a déclaré Hauch.
AFP
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