
Les femmes libanaises tentent à nouveau de se faire une place sur la scène politique. Si leur taux de candidature reste encore limité, l’espoir d’un changement réel se fait néanmoins sentir. Nombreux sont ceux qui rêvent du jour où la participation des femmes aux échéances électorales – législatives et municipales – dépassera les 50%.
La participation des femmes à la vie politique au Liban demeure relativement faible, qu’il s’agisse des élections municipales ou parlementaires. En 2022, seules huit femmes ont été élues sur 115 candidates. Les stéréotypes sexistes restent omniprésents et, pour beaucoup, l’idée qu’une femme puisse occuper une position de pouvoir politique reste difficile à accepter.
Lors des dernières municipales en 2016, les femmes ne représentaient que 6,9% des candidats et à peine 5,4% des élus. Pourtant, malgré ces chiffres modestes, des femmes tentent de s’imposer, contre vents et marées, dans un paysage politique encore très masculin. Si les candidatures féminines restent faibles, l’espoir demeure de les voir dépasser un jour les 50%.
À Bécharré, un vent de changement
À Bécharré, Diana el-Fakhri, engagée dans la valorisation des produits alimentaires locaux à travers l’initiative «Fierté de la Mouné», a décidé de se présenter au conseil municipal pour renforcer la place des femmes dans la vie publique. «J’ose croire que ma candidature peut apporter un changement positif à ma localité, notamment en soutenant des projets agricoles et alimentaires, en renforçant la transparence et en améliorant les services de base», explique-t-elle.
Favorable au principe de quota féminin, Mme Fakhri estime que c’est un outil important pour ancrer la présence des femmes dans la vie publique durant cette phase de transition. En même temps, elle préfère une compétition libre, une fois la société suffisamment mûre pour soutenir spontanément les femmes sans recourir à un mécanisme quelconque.
Et d’ajouter: «Les conseils municipaux actuels ne reflètent pas les besoins des femmes libanaises. Mais l’augmentation du nombre de candidates est un signe clair que le changement est en marche.»
À Sad el-Bauchrié: priorité à la santé mentale
À Sad el-Bauchrié, la psychologue et militante Rola Hanna se lance, elle aussi, dans la course. «La véritable transformation commence à l’échelle du quartier. Tout est dans les détails de la vie quotidienne. Un bon éclairage ou un espace vert, ce sont des éléments simples qui ont un impact profond sur le bien-être mental. La présence d’un psychologue dans un conseil municipal n’est pas un luxe, mais plutôt une nécessité pour garantir une planification centrée sur l’humain», estime-t-elle.
Partisane d’une compétition ouverte, elle reconnaît toutefois que, dans le système actuel, les quotas sont indispensables pour garantir aux femmes compétentes un accès aux responsabilités. Elle ajoute: «Les conseils incluant des femmes adoptent souvent des politiques plus équilibrées, notamment en matière de santé, d’éducation et de services sociaux. Notre présence élargit le débat et rapproche les décisions des besoins réels de la population.»
À Beddaoui: des femmes en quête de changement
À Beddaoui, Rola Karimeh, militante engagée dans le social et le développement, annonce sa candidature.
«En 2016, je me suis présentée pour briser le mur de la peur et faire face au statu quo recherché par l’actuel président du conseil municipal, Hassan Ghamraoui. Aujourd’hui, je me présente à nouveau pour assurer le changement réel dont ma région a tant besoin», affirme-t-elle.
Son objectif est de redonner vie à une localité pauvre et marginalisée, souffrant d’un retard flagrant de développement. «Nous devons affronter des problèmes sociaux majeurs, comme le fléau de la drogue, et offrir aux jeunes des opportunités de sensibilisation, de formation et d’éducation.»
À El-Mina: la mokhtara Hoda appelle les femmes à se présenter
À El-Mina, la mokhtara Hoda el-Kurdi se présente à nouveau après sa victoire aux municipales de 2016. Elle affirme: «Un mokhtar doit être une personne cultivée, capable de contribuer activement à l’évolution de la société, et non remplir un simple rôle administratif traditionnel.»
Elle encourage les femmes à relever les défis sans crainte et à se présenter aux élections, en soulignant que certaines villes, comme El-Mina, témoignent d’une plus grande ouverture envers la présence féminine dans des postes de direction, où leur rôle est reconnu et respecté.
Les femmes au Liban s’efforcent d’impulser un changement. Reste à savoir si la société est prête à faire évoluer ses mentalités pour les accompagner dans ce chemin. L’avenir proche en dira davantage.
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