Comment les ados d’aujourd’hui s’informent et réagissent à l’actualité?
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Ce reportage donne la parole à des jeunes connectés et lucides, qui interrogent le monde à leur manière.

À l’heure où l’actualité mondiale est marquée par des pertes de repères, des conflits, des bouleversements climatiques et des crises politiques, comment les jeunes générations s’informent-elles? Et quel regard portent-elles sur les événements qui secouent leur pays et le monde? Rencontre avec des adolescents de la génération Alpha et de la génération Gen Z, âgés de 11 à 16 ans, vivant au Liban ou à l’étranger.

Réseaux sociaux, une première source d'info

Pour la majorité des personnes interrogées, scroller sur les réseaux sociaux est devenu la principale porte d’entrée vers l’actualité. Rien d’étonnant alors à ce que TikTok, Instagram et WhatsApp arrivent en tête des plateformes les plus utilisées par cette jeunesse biberonnée au net.

«Je me tiens au courant sur les réseaux sociaux, surtout sur TikTok et Instagram, mais aussi via les messages que mes amis m’envoient sur WhatsApp», expliquent en chœur Camille et Nathalie, 13 ans.

Même son de cloche pour Karl, 15 ans, et Samer, 16 ans, rencontrés à la sortie du Grand Lycée franco-libanais à Achrafieh. «Je m’informe sur les réseaux. Sinon, au Liban, avec toutes les catastrophes, les nouvelles viennent à nous. Pas besoin de suivre l’actualité», ajoute Samer, d’un ton pince-sans-rire.

Il en est de même pour Kate, 16 ans, lycéenne à l’International College (IC): «Tous les jeunes à partir de 12 ans consultent les infos en vidéo via TikTok, sur For You Page. C’est aussi le cas de mon petit frère. C’est rapide et concis.»

D’autres jeunes affinent leur connaissance en consultant des médias dits «mainstream». C’est le cas d’Elsa, 15 ans, qui dit suivre des vidéos explicatives sur des médias en ligne tel qu’Ici Beyrouth, ou encore via des influenceurs engagés. «Quand il se passe quelque chose de grave, je regarde les infos sur plusieurs médias en ligne en même temps. Mes parents m’en parlent aussi, on en discute souvent à la maison», poursuit-elle.

Radio et télévision: des pratiques devenues minoritaires

Il est loin déjà le temps où l’on allumait son téléviseur pour regarder un film, un débat ou le journal de 20 heures. Le petit écran est quasiment un inconnu poussiéreux pour ces nouvelles générations.

Nathalie, 13 ans et demi, lycéenne à Jamhour, fait figure d’exception: «Je m’informe sur les deux principales chaînes libanaises.» Elle complète sa connaissance via les channels sur WhatsApp, comme beaucoup de ses amis.

En France, Clarix, 15 ans, mentionne la radio, mais reconnaît un intérêt très limité pour l’actualité: «Je ne prête pas beaucoup d’attention à ce qui se passe en France et dans le monde. Je sais toutefois qu’il y a des guerres, mais je n’ai aucun parti pris.»

Lisa, 11 ans, franco-libanaise vivant au Qatar avec sa famille, confie: «Je regarde parfois le journal de 20 heures avec mes parents. Je les entends commenter l’actu.»

Une sensibilité exacerbée face aux conflits

Si les canaux d’information varient, un élément revient dans tous les témoignages: l’impact émotionnel de l’actu, notamment lié aux guerres.

Samer et Karl, fortement marqués par l’explosion du port de Beyrouth en 2020, déplorent la prédominance des «mauvaises nouvelles», en particulier au Liban. «On sort d’une crise pour entrer dans une autre», regrettent-ils.

Elsa confie que l’actualité lui fait parfois peur «pour l’avenir». «Mais ça me donne envie de me tenir au courant et de ne pas rester indifférente», ajoute-t-elle.

Quant à Inès, 15 ans, qui vit en France, elle adopte une approche plus structurée de l’information. Elle écoute des podcasts quand elle est dans le bus, et précise qu’elle fait son possible pour s’informer chaque jour. «Ce qui me fait le plus de peine, c’est de voir autant de civils souffrir dans le monde», déplore-t-elle.

Une génération lucide

Même si l'information en continu, sur les réseaux comme ailleurs, ne permet pas toujours d’y voir clair surtout face aux nombreuses intox, les jeunes ultra-connectés interrogés expriment, pour la plupart, un vif besoin de comprendre, d’interagir et de débattre. Leurs témoignages révèlent un esprit critique aiguisé et une véritable sensibilité aux grands enjeux contemporains.

Bien qu’ils dénoncent des contenus de plus en plus violents et anxiogènes, ces adolescents manifestent un intérêt profond pour l’actualité, souvent accompagné d’un questionnement sur la guerre, ses conséquences et leur propre place dans le monde de demain.

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