
Tandis que Téhéran négocie gentiment avec Washington sur son programme nucléaire et sur ses missiles balistiques, feignant une posture de compromis sur la scène internationale, son ambassadeur à Beyrouth martèle sans détour que le Hezbollah doit garder ses armes, en dépit de l’accord de cessez-le-feu, de la souveraineté libanaise portée par le président de la République et des résolutions onusiennes. Une schizophrénie diplomatique assumée, qui traduit à merveille l’arrogance stratégique de l’Iran: dialoguer d’une main avec les puissances mondiales, tout en armant et pilotant, de l’autre, une milice sur le sol libanais.
Le Hezbollah, acteur politique et militaire, continue d’être dans le déni de sa défaite et continue de vouloir imposer son hégémonie sécuritaire au Liban. Le gouvernement s’enfonce dans des contradictions internes parfois complices. Et pendant que les armes restent braquées, alors que le désarmement a été clairement présenté par la communauté internationale, comme étant la première condition de l’aide à la reconstruction et au développement économique, les députés libanais, eux, préfèrent s’atteler à une loi sur la levée complète du secret bancaire, rétroactive de surcroît – une gifle aux principes de stabilité juridique et un coup de grâce à l’attractivité économique du pays. À croire que le Parlement s’échine à chasser les derniers investisseurs plutôt qu’à construire un État digne de ce nom.
Et dans ces débats pseudo-démocratiques, nul ne semble, par exemple, se souvenir de Qard el-Hassan, la banque du Hezbollah. Cette structure opère dans une totale illégalité, sans licence, sans transparence, en dehors du circuit financier officiel. Elle incarne le cœur économique de l’«État dans l’État» qu’est devenu le Hezbollah. Pourtant, elle reste ignorée par des institutions qui ferment les yeux sur sa dangerosité systémique.
Et pourtant, dans ce paysage fragmenté, quelques lueurs d’espoir subsistent. Le président de la République, malgré les vents contraires, a multiplié les appels au dialogue et à la consolidation des institutions, prenant l’initiative de discussions bilatérales sur la remise des armes du Hezbollah.
Ses prises de position récentes rappellent que la souveraineté n’est pas une option, mais une nécessité vitale pour garantir l’unité et la stabilité du pays.
Sur le terrain, l’armée libanaise, quant à elle, continue d’incarner l’un des rares piliers de l’État encore debout. Avec des moyens limités, elle fait preuve d’un professionnalisme exemplaire, assurant la sécurité intérieure, arrêtant les apprentis sorciers lanceurs de missiles et adeptes de la destruction, réagissant aux tensions à la frontière et protégeant les civils lorsque les institutions civiles font défaut.
Mais ces efforts, aussi louables soient-ils, ne suffiront pas à redresser un pays tant que les causes profondes de la paralysie nationale ne seront pas traitées. Alors, que reste-t-il de la souveraineté libanaise quand une milice armée dicte la sécurité, opère une banque fantôme, et impose sa loi, pendant que les députés débattent de lois déconnectées de l’urgence nationale? Une grande partie des dirigeants libanais ne se contente plus d’être faible, elle est désormais complice de la désintégration. Notamment ceux motivés par des financements étrangers pressés de briser définitivement le système bancaire et de spolier de facto les déposants.
Le Liban n’a pas besoin d’un lifting bancaire. Il a besoin d’un sursaut de souveraineté. Et cela commence par dire les choses clairement: tant que le Hezbollah reste armé, tant que des entités financières illégales opèrent en toute impunité, aucune réforme ne sera crédible. Pas pour les Libanais. Et certainement pas pour les investisseurs.
Le gouvernement et le Parlement font-ils diversion pour ne pas parler de la vraie cause du désastre, c’est à dire les armes illégales?
Georges Clemenceau disait: «Quand on veut enterrer un problème, on crée une commission.»
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