
Lundi matin, l’émissaire américain, Tom Barrack, et Morgan Ortagus, rencontreront le président, le général Joseph Aoun, pour discuter de deux dossiers essentiels et étroitement liés: la deuxième phase de la centralisation des armes sous le contrôle exclusif de l’État et le renouvellement du mandat de la Finul au Liban-Sud prévu à la fin du mois.
Selon des sources officielles libanaises, le chef de l’État informera la délégation américaine que le gouvernement a déjà franchi des étapes importantes en ce sens, et qu’il est prêt à aller plus loin à condition qu’Israël prenne des mesures réciproques comme le retrait de zones occupées au Liban-Sud et la cessation des attaques et des assassinats. Ces mesures sont jugées indispensables pour contrer les opposants à la décision officielle libanaise et pour démontrer la volonté américaine de faire respecter par Israël les engagements prévus dans la proposition américaine.
Selon ces mêmes sources, une telle évolution côté israélien donnerait au gouvernement libanais l’élan politique nécessaire pour prouver que ses seules actions peuvent garantir les revendications libanaises vis-à-vis d’Israël, tout en plaçant le Hezbollah devant le fait accompli: la diplomatie a réussi là où les armes ont échoué.
Toujours selon ces sources, le président Aoun réaffirmera que le Liban a toujours besoin de la Finul pour soutenir l’armée dans ses missions, et que le renouvellement de son mandat aux mêmes conditions est essentiel à la paix régionale. Les Américains pourraient toutefois avertir qu’il s’agira du dernier renouvellement ou menacer de réduire leur contribution financière au budget de la mission onusienne. Mais, d’après des assurances transmises au Liban via la France, plusieurs pays européens et arabes se disent prêts à combler toute lacune financière résultant d’une réduction de la part américaine.
D’un autre côté, selon des sources américaines, l’objectif de la visite de Barrack et d’Ortagus est de s’assurer que le gouvernement libanais ne reviendra pas sur sa décision concernant le monopole des armes. Ils devraient réaffirmer le soutien des États-Unis à l’armée libanaise, l’encourager à avancer dans l’élaboration d’un plan de désarmement du Hezbollah et discuter des moyens nécessaires à sa mise en œuvre d’ici à la fin de l’année ou dans un délai raisonnable.
Selon ces sources, le soutien à l’armée constituera l’axe central de la visite, afin de contrer les affirmations du Hezbollah et de ses alliés selon lesquelles l’armée ne coopérera pas avec les autorités politiques et n’appliquera pas un tel plan même s’il était adopté. Washington considère ces déclarations comme une tentative de semer la discorde entre l’armée et le gouvernement et de bloquer ainsi la décision sur le monopole des armes.
Les deux responsables américains devraient également rejeter les mises en garde du secrétaire général du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, évoquant un risque de guerre civile au Liban, soulignant que Washington et de nombreux autres pays se tiendront aux côtés des forces armées libanaises dans l’application de la décision sur le contrôle des armes. Pour Washington, la visite de Barrack et d’Ortagus témoigne de l’intérêt constant des États-Unis pour la stabilité du Liban et de leur engagement en faveur de l’émergence d’un État fort.
Les responsables américains réitéreront à tous les dirigeants libanais que c’est la dernière chance pour le pays et son peuple de se libérer des crises successives alimentées par l’influence iranienne. Permettre à Téhéran d’imposer encore son diktat aux Libanais condamnerait le Liban à demeurer un champ de bataille pour les rivalités régionales.
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