Le retour de Trump galvanise la ligne dure en Israël
Le président Trump dans le bureau oval de la Maison Blanche. ©Anna Moneymaker / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche galvanise la ligne dure en Israël, où il permet aux autorités de renforcer leur contrôle sur la bande de Gaza et attise les velléités d'annexer la Cisjordanie occupée.

« Nous sommes sur la même ligne sur tous les sujets », a annoncé mardi le président américain après un entretien avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

C'est à Gaza, où la guerre dure depuis plus de 18 mois entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, que le changement est le plus notable, selon Asher Fredman, directeur de l'Institut Misgav pour la sécurité nationale et la stratégie sioniste.

« L'embargo sur les armes imposé sous (l'ancien président américain Joe) Biden a de facto été levé », analyse-t-il pour l'AFP.

« Cela, combiné au fait que le front nord (Liban et Syrie, ndlr) est désormais calme et que nous avons un nouveau ministre de la Défense ainsi qu'un nouveau chef d'état-major, permet à Israël de poursuivre plus résolument ses objectifs militaires » dans le territoire palestinien, dit-il.

Selon M. Fredman, le président américain est très au fait de la situation.

« Si Israël décide d'arrêter la guerre et de conclure une trêve avec le Hamas, il soutiendra (...), mais il a aussi écouté attentivement les anciens otages qui lui ont dit à quel point le Hamas les avait maltraités, et son instinct est de s'en débarrasser », explique-t-il.

Après sa prise de fonctions, Donald Trump a proposé de transférer les 2,4 millions de Palestiniens de Gaza vers la Jordanie et l'Égypte, provoquant un tollé international.

Bien qu'il semble être revenu dessus depuis, ses déclarations ont galvanisé les ministres israéliens d'extrême droite, qui continuent de défendre un tel projet.

 Colonies 

Le silence de Donald Trump sur la Cisjordanie conforte aussi les ministres les plus radicaux, qui rêvent ouvertement d'annexer ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, observent des experts.

En mars, le cabinet de sécurité israélien a approuvé la construction d'une nouvelle route controversée près de la colonie juive de Maalé Adoumim.

Cette décision a été assimilée à l'« apartheid » par l'ONG israélienne La Paix Maintenant.

Les ministres israéliens de la Défense et des Finances, Israël Katz et Bezalel Smotrich, disent considérer les constructions palestiniennes en Cisjordanie comme une « menace stratégique pour les colonies ».

M. Smotrich a qualifié l'année écoulée de record en matière de « démolitions de constructions arabes illégales en Judée-Samarie (nom biblique de la région) », affirmant que le gouvernement s'employait à y étendre les colonies juives.

Ces colonies sont considérées comme illégales au regard du droit international.

« Depuis l'élection de Trump en novembre, la rhétorique sur une annexion de la Cisjordanie prend de l'ampleur, et se traduit par des actes concrets sur le terrain », souligne l'analyste Mairav Zonstein de l'International Crisis Group.

C'est « l'approche propre à Trump et aux personnes qui l'entourent, qui pousse Smotrich, Katz et d'autres figures de la droite israélienne à penser qu'ils peuvent aller de l'avant vers une annexion », dit-elle à l'AFP.

 « Coudées franches » 

Sanam Vakil, du groupe de réflexion Chatham House, observe également qu'« il n'y a aucune critique ni condamnation des actions d'Israël (en Cisjordanie) » de la part du président américain, « ce qui donne (à cet État) les coudées franches et la confiance nécessaires pour poursuivre son agenda expansionniste ».

Sur Gaza, Sanam Vakil juge que Donald Trump « offre à Netanyahou et aux durs de son gouvernement un très solide tremplin pour finir le job ».

L'armée israélienne dit contrôler 30 % du territoire palestinien, mais d'après un calcul de l'AFP à partir des cartes publiées par l'armée, cette proportion dépasse 50 %.

En se montrant souple sur le dossier palestinien, Donald Trump cherche probablement à se réserver « un espace pour gérer le dossier iranien » plus librement, souligne Sanam Vakil.

Des responsables américains sont actuellement engagés dans des pourparlers avec l'Iran, l'ennemi juré, sur son programme nucléaire, une rupture avec la stratégie militaire prônée de longue date par Benjamin Netanyahu.

Le président américain « montre que l'option militaire ne sera pas privilégiée pour résoudre la crise iranienne », affirme l'analyste de Chatham House.

Après des pourparlers irano-américains samedi, Benjamin Netanyahou a réaffirmé être « déterminé » à empêcher l'Iran d'obtenir des armes nucléaires.

Par Ruth EGLASH/AFP

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