
Révélée par YouTube, Styleto s’impose aujourd’hui dans la pop francophone avec des titres personnels et une quête d’authenticité. À 27 ans, elle transforme chaque chanson en journal intime chanté.
De son passé de youtubeuse, Styleto ne renie rien et continue de conter, dans ses chansons pop colorées comme Faut que tu m’aimes, son quotidien et ses états d’âme, dans une perpétuelle «recherche d’authenticité».
Son premier album, sorti en début d’année, Fille lacrymale, lui a valu d’être nommée parmi les révélations féminines aux Victoires de la musique.
Elle y aborde l’acceptation de soi dans son titre le plus connu, Faut que tu m’aimes, mais aussi la rupture amicale dans un duo avec Louane, Ok très bien, ou l’explicite Changer de vie avec Ben Mazué, son «artiste préféré».
C’est en reprenant un des titres du chanteur, Gaffe aux autres, que Styleto, avec son timbre chaud et sa fraîcheur pop, a séduit le public en ligne. Cette interprétation fait partie d’un album de reprises, paru en 2022.
La chanteuse de 27 ans a depuis rejoint Columbia, label appartenant à la major du disque Sony.
Aux prémices de son projet musical, Laure – son vrai prénom – n’avait pas hésité à confesser son envie et ses doutes. «J’avais peur parce qu’en plus je viens de YouTube, donc je suis au courant que les gens sont un peu là : bah non, toi, t’es youtubeuse, tu restes dans ta case», se rappelle Styleto, rencontrée mercredi par l’AFP au Printemps de Bourges.
Finalement, elle a peu subi ces critiques : «Je crois que j’en ai tellement parlé ouvertement et j’ai pas du tout cherché à tout supprimer. C’est mon parcours, il est un peu atypique mais il est comme ça», observe la chanteuse.
«Pokémon évolution»
Toujours disponible, sa chaîne YouTube a été lancée à l’adolescence sous le pseudo «Style Tonic», qui préfigure son nom de scène.
Dans les premières vidéos, «je fais un peu semblant, je prends une voix que je considère plus chic, je me maquille beaucoup : je ne suis pas vraiment moi mais je ne le sais pas encore à cet âge-là», analyse la Lyonnaise.
Cette expérience l’aide à s’assumer et à envisager d’autres moyens d’expression.
«La chanson a été pour moi une manière de toucher à une forme d’art encore plus aboutie, moins éphémère : quand tu postes une vidéo, les gens la regardent une ou deux fois (…), alors qu’une musique, on peut l’écouter trois fois par jour, donc je trouvais ça chouette», explique-t-elle.
«C’est une forme de continuité en tout cas. Je pense que c’est un peu Pokémon évolution!», lance Styleto, en référence aux célèbres bestioles du jeu vidéo.
«Je fais des vidéos qu’on appelle des vlogs, où je romantise un peu mon quotidien, je raconte des histoires, etc. Avec du recul, j’ai l’impression que chaque chanson est un peu comme un vlog, chaque chanson a vraiment un +mood+ (un état d’esprit, NDLR) différent, une ambiance différente, comme on pourrait dire qu’un vlog a une colorimétrie, des typographies différentes», compare Styleto.
La chanteuse-vlogueuse continue d’ailleurs de poster des vidéos de sa nouvelle vie, comme des «backstages» (coulisses) de ses concerts.
Elle conserve toutefois une ligne de conduite, celle de «la recherche de l’authenticité», au micro et à l’écran.
Styleto incarne aussi le vent de fraîcheur qui souffle sur la nouvelle génération féminine de la pop francophone, aux côtés de Yoa, Solann, Héléna, Iliona ou Adèle Castillon.
«On est en compétition parce qu’on est des femmes qui faisons de la pop mais je trouve qu’il y a une sorte de sororité. (…) On essaie de se donner de la force en interview, en promo, en concert», assure la chanteuse. «Ça permet aussi de se rappeler qu’on ne fait que de la musique et que, dans une playlist, il y a de la place pour plein de femmes.»
Par Fanny LATTACH / AFP
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