Liban-Qatar-Émirats: l’heure aux affaires et aux poignées de mains stratégiques!
©Lebanese presidential

La visite officielle du président libanais, Joseph Aoun, au Qatar et aux Émirats arabes unis marquera sans doute un tournant pour les relations économiques et commerciales entre le Liban et ses partenaires du Golfe. Cette initiative diplomatique s’inscrit dans un contexte de croissance des échanges bilatéraux. Des deux côtés, l’intention est claire: renforcer la coopération régionale et ouvrir la voie à des partenariats plus ambitieux. En somme, tenter de relancer les moteurs d’une économie libanaise qui peine à sortir du point mort.

Le président de la République, Joseph Aoun, a entamé son déplacement à Doha, mardi, avec pour mission première de resserrer les liens bilatéraux et de remercier le Qatar (officiellement) pour son soutien durant le processus d’élection présidentielle. Mais cette visite ne s’est pas limitée aux accolades diplomatiques. Au programme, discussions sur l’économie, l’énergie et, surtout, le rôle que pourrait jouer le Qatar dans la relance économique d’un Liban toujours englué dans une crise prolongée.

Le Qatar a confirmé sa volonté de poursuivre ses investissements au Liban, notamment dans les secteurs stratégiques de l’énergie et de l’hôtellerie. Le pays détient par ailleurs 30% du consortium en charge de l’exploration gazière dans la zone économique exclusive (ZEE) au large des côtes libanaises, un dossier désormais relancé, avec le feu vert de TotalEnergies.

Mais la tournée du président ne s’arrête pas là. Direction ensuite Abou Dhabi, en réponse à l’invitation officielle du président émirati, Sheikh Mohamed ben Zayed al-Nahyan. Cette rencontre marque le rétablissement formel des relations diplomatiques, avec en prime un accord pour la réouverture de l’ambassade des Émirats à Beyrouth. Un geste fort, qui devrait ouvrir la voie à de nouveaux accords dans les domaines de la sécurité, l’économie et les investissements structurants.

Qatar: une coopération économique bien huilée

Les relations commerciales entre le Liban et le Qatar, bien que modestes en volume, s’appuient sur des fondations solides, indique Mohammad Abou Haidar, directeur général du ministère de l’Économie, à Ici Beyrouth. Il précise que le Liban a exporté en 2024 pour 84.678 millions de dollars vers le Qatar, principalement des produits alimentaires (fruits, légumes en conserve, viande), boissons chaudes (café, thé, maté), ainsi que savons, épices, huiles et détergents.

En retour, les exportations qataries vers le Liban s’élèvent à 27.170 millions de dollars, essentiellement sous forme de polymères, aluminium, produits chimiques et… électroménager usagé. Oui, même les frigos font le voyage!

Résultat: une balance commerciale positive de 57.508 millions de dollars pour le Liban, même si elle est en baisse par rapport à 2021 (144.630 millions).

Les Émirats, eux, restent un partenaire commercial historique pour le Liban dans la région. «En 2024, les exportations libanaises s’élèvent à 516.035 millions de dollars, composées en grande partie de perles, huiles essentielles, cosmétiques et produits pharmaceutiques», signale M. Abou Haidar. Côté importations, «en revanche, la facture grimpe à 952.466 millions de dollars, avec du plastique, du pétrole raffiné et des médicaments en tête de liste», poursuit-il.

La balance commerciale penche donc sérieusement en faveur des Émirats, avec un déficit de 436.431 millions de dollars pour le Liban, une chute notable comparée à 2023 où la balance était à 57.248 millions de dollars.

Mais tout n’est pas qu’affaire de chiffres. Cette relation s’appuie aussi sur des accords bilatéraux dynamiques, notamment dans les domaines de la finance, de l’immobilier et des infrastructures, qui ancrent solidement les Émirats dans le paysage économique libanais.

À travers ces visites officielles, le Liban cherche à rassurer ses partenaires, mais aussi à s’assurer des appuis stratégiques. Le Qatar et les Émirats, de leur côté, affichent leur volonté de soutenir la stabilité régionale et d’accompagner le Liban sur long terme.

Reste à savoir si les poignées de main, aussi chaleureuses soient-elles, seront suivies d’actions concrètes. En attendant, comme on dit chez nous: yalla, il est grand temps que les promesses passent en mode exécution.

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