
Après une période de calme relatif dans la capitale libanaise, les frappes israéliennes ont repris sur la banlieue sud de Beyrouth, la dernière en date étant celle menée à l’aube du mardi, contre Hassan Bdeir, un responsable du Hezbollah en charge du dossier palestinien.
Il faut dire que les tensions le long de la frontière israélo-libanaise ont connu une nouvelle flambée après les tirs de roquettes survenus les 22 et 28 mars derniers depuis le sud du Liban en direction du nord d’Israël. Ces attaques – dont l’origine reste incertaine quand bien même une enquête ait été lancée – ont immédiatement ravivé les craintes d’une extension du conflit dans une région déjà marquée par une instabilité chronique.
Si aucune victime n’a été signalée le 28 mars, ces tirs ont néanmoins provoqué une riposte israélienne contre la banlieue sud de Beyrouth (Dahieh), une première depuis la conclusion de l’accord de cessez-le-feu le 27 novembre 2024.
Vendredi, et après un avertissement lancé par le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, sur la plateforme X, le bastion du Hezbollah à Dahieh a été visé. L’État hébreu avait alors justifié cette action par la présence d’infrastructures et d’armements liés à la formation pro-iranienne.
Se prononçant sur la conjoncture, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, avait alors prévenu que la banlieue sud serait frappée “à chaque tentative” d’attaque contre le nord d’Israël. De son côté, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, avait menacé de frapper “partout au Liban contre toute menace”.
Le Hezbollah dément toute implication
Quelques heures après les premiers tirs de roquettes, le Hezbollah a catégoriquement nié toute responsabilité. Dans un communiqué qu’il s’est empressé de publier, il a rejeté toute implication et dénoncé une tentative de le tenir pour responsable d’actes qu’il n’aurait pas commis. Cette déclaration intervient dans un contexte où le Hezbollah, tout en maintenant une rhétorique hostile envers Israël, a jusqu’ici évité un engagement militaire direct de grande envergure dans le conflit en cours.
En ce sens, une source proche du Hezbollah a déclaré mardi au média Al-Hadath: “Nous faisons face aux attaques israéliennes sur la base de l’intérêt national suprême.” Insistant sur la nécessité d’une issue politique à cette crise, ce responsable a souligné que “l’État libanais est tenu de révéler l’identité des personnes impliquées dans les tirs de roquettes”.
Enquête libanaise et arrestations
Face à cette situation explosive, les autorités libanaises ont rapidement ouvert une enquête afin d’identifier les responsables des tirs. Selon les services de sécurité libanais, plusieurs suspects ont déjà été interpellés, sans que leur affiliation ne soit précisée, quoique des informations sur leurs origines aient circulé. Il s’agirait ainsi d’individus de nationalités syrienne et libanaise. Par ailleurs, l’armée libanaise, qui est déjà déployée dans le sud du pays, a renforcé ses patrouilles pour éviter de nouvelles escalades.
Réactions locales et internationales
L’attaque israélienne contre la banlieue sud n’a pas manqué de susciter des réactions politiques. Condamnant fermement ces attaques, le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Rodolphe Haykal, a souligné samedi qu'elles mettent en péril la stabilité du Liban. Le pays ne doit pas être utilisé comme une plateforme pour des actions qui risquent de l'entraîner dans un conflit dévastateur, avait-il averti, considérant que “les tirs de roquettes depuis le territoire libanais servent les intérêts d’Israël”.
De son côté, le président libanais, Joseph Aoun, alors en visite à Paris, a dénoncé une “violation de la souveraineté libanaise” et a appelé la communauté internationale à intervenir pour éviter une escalade incontrôlable. Il a également insisté sur la nécessité d’éviter que le Liban ne soit entraîné dans une guerre régionale, avant d’affirmer que “tout indique que le Hezbollah n’est pas responsable de l’attaque contre Israël”.
Réaffirmant son appui à l’État hébreu, Washington a déclaré mardi soutenir “pleinement Israël dans sa réponse aux tirs de roquettes en provenance du Liban”, tenant pour responsables les “terroristes” qui risquent de provoquer une “reprise des combats”.
Si la situation reste volatile, les appels à la retenue se multiplient. Le risque d’un embrasement demeure omniprésent, laissant planer l’incertitude sur l’évolution des rapports de force entre Israël, le Liban et les groupes armés opérant dans la région.
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